Un père, deux sales gosses et trois conneries…

ou Rocky contre Jules-Antoine
D’après « Le fils prodigue » (Lc 15,11-32).

C’est l’histoire d’un mec qui a deux sales mômes, mais vraiment des sales mômes !

Rocky, le cadet, ou l’ignorance du Père.

Rocky ce qu'il en reste On le connaît bien Rocky, le d’jeun ki veu fer la teuf – lol ! Pas fauché avec ce petit dernier. Son père : un vioc ka du frik ! « Allez! donne-moi l’pèze et j’me kass… » Wow ! Et voilà ce ringard de père, de son vivant, obliger de partager ses biens à ses fils. « le lien père-fils est ici une relation testateur-légataire », nous dirait Maître Zok, juriste. Et oui, notre Rocky réclame sa liberté comme si Papa l’empêchait de vivre libre. Il veut avoir son flouze et partir vivre SA vie. Finalement, il veut l’oublier c’te paternel : c’est plus que de la viande morte.

Et voilà, on s’en doutait, Rocky se fait la malle, loin du Père, au profit des plaisirs éphémères aussi connus que futiles. Il kiffe grave, à donf : carpe diem (non çà c’est pas du verlan ni du essemess c’est du latin !). Techno, boîte de nuit, rave party, défonce…! Il fait ce qui lui plait et qui le contredira ? Rocky s’engouffre dans l’illusion du monde, jusqu’à y atteindre le fond. L’attitude de Rocky c’est l’idolâtrie de Soi et du Monde qui ne mène à rien, sinon à la désolation, à la solitude. Pauvre Rocky, bien mal lui en a pris… pour revenir la queue entre les jambes.

Jules-Antoine, l’ainé, ou la sacralisation du Père.

Jules-AntoineJules-Antoine, c’est tout le contraire de son frérot : bien sapé, poli, discipliné, obéissant, jusqu’à en vouvoyer son père que ses enfants appellent avec déférence « bon-papa ». Jules-Antoine travaille toujours pour l’entreprise familiale : VOGRA & fils. Ce fils à papa lui obéit en tout car « Père ne saurait tolérer cela ». Il a tout fait pour plaire à Père y compris porter ces costumes du dimanche de chez Kruchi, qu’il abhorre. Jules-Antoine veut être le fils parfait, le fils unique et méritant… Mais ce travail et ses efforts ont créés une distance entre lui et son Père. « Le lien père-fils est ici une relation patron-ouvrier » nous dirait E.Lointain économiste. Cher Jules-Antoine, cette distance porte le nom de sacralisation. Père est tellement sacré qu’il en est inapprochable, qu’on ne peut lui plaire qu’aux prix d’efforts et de sacrifices ; si sacré qu’on ne vient vers lui qu’en baissant l’échine et fermant les yeux. Et voilà que le frère maudit reviens, qu’il est accueilli comme un Prince ! Jules-Antoine ne comprend plus : jamais il n’a eu de son Père autant d’égard, le chouchou a toujours été le petit dernier ! La jalousie de Jules-Antoine envers Rocky, c’est ce refus de l’amour gratuit du Père, de sa proximité avec ses enfants malgré leurs égarements. Pauvre Jules-Antoine, voilà perdues ses illusions du travail au mérite.

Les deux fistons ou le refus de la fraternité

Je hais mon frère Un géniteur bastringue, un chef de clan respecté mais jamais, pour aucun des rejetons, un Père. Ces deux petits cons de fils n’avaient que cette relation marchande avec le Père : ‘Donne-moi ton frik le viok’, réclamait Rocky, ‘Père, Vous ne m’avez pas même donné un scooter’ se plaignait Jules-Antoine… Et, ignorant ou sacralisant le Père, ils se sont ignorés l’un, l’autre : chacun avait son idée sur cet homme, sans jamais comprendre qui il était, simplement un Père. Chacun restait campé dans ses illusions, sans jamais se rencontrer . ‘Ton môme !’ s’exclame Jules-Antoine en parlant du cadet. ‘Ton frère’ répond le Père. Ils s’ignorent ces deux frangins là, dramatique refus de la fraternité.

Un père de 1000 zéricordes…

Fils prodigue - Rembrandt Ce Père, que dire ? Ce Père, ou ringard ou sacré, le voilà qui court, qui embrasse, qui se réjouit, qui s’approche et parle avec patience et tendresse. En un seul mouvement, le voilà qui met à bas, les images fausses de ses fils bien-aimés malgré tout. Il avait tout perdu, son héritage dilapidé par l’un, son entreprise, gérée tant bien que mal par l’autre. Il avait tout perdu y compris ses enfants de vue. Et le voilà qui se révèle à eux, enfin, dans sa vérité. Il est le Père, le vrai Père. Il fait non une mi-zéricorde, ni deux mais mille ! 1000 zéricordes ???
Ah ? vous n’avez jamais entendu parler de zéricorde ? Petit rappel :

Zéricorde : n.f., du grec arcad. Zerethrôn (scélérat) et kardia (cœur) , litt. Attention portée aux scélérats. 1. Confiance en l’avenir d’un homme (ou d’une femme) malgré ses fautes 2. Attitude de patience et d’amour envers une personne antipathique qui débouche sur le pardon, et que vient clore un repas festif. 3. ‘faire mille zéricordes’ : donner tant de signes d’amour afin d’amener une personne à changer son cœur.
conclusion : 1 + 2×3 = 1000

signé,

l’ami zéricorde

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2 commentaires

  1. super cette histoire …bravo pour l’actualisation la mille zéricorde c’est puissant, mais ce n’est pas trop, juste ce qu’il nous faut… Eliane

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