C’est la grande interrogation catholique du moment : de quoi vais-je me priver ? quels efforts à faire ? quels privations, quels sacrifices ?…
C’est le carême dans le carême, souffrir un questionnement et trouver comment ‘bien’ souffrir… enfin pour les plus doloristes. Ne vous inquiétez pas : des conseils vous sont donnés sur le martinet et trouverez le cilice con carne à votre taille, dans cette cilice con vallée de larmes. Pourtant je me souviens encore de cette phrase du livre de Maurice Bellet “Minuscule traité acide de spiritualité” (une bonne lecture pour ce carême):
Au moment de sa passion, le Christ ne se flagelle pas lui-même. La mortification qu’on lui afflige lui parait suffisante.
Certains blogs ont même un vieux et mauvais goût ‘New Age’ pour qui le carême est une bonne occasion de ‘faire le ménage’ (d’autres diraient de nettoyer ses chakras) – une philosophie du “bien-avec-soi”. Cool : le carême peut nous libérer du Nutella™ : ‘Nutella, sors de cet homme !… euh Cruella ??“. Bref, il y a comme un air d’activisme dans tout ce brouhaha caresmatique.
Dans ce temps, où nous sommes conviés suivre le Christ au désert, on pourrait se demander : Mais qu’y a-t-il à faire au désert ? Finalement, Jésus aurait-il perdu 40 jours de son ministère qu’il aurait pu mettre à profit pour annoncer le Royaume, guérir les malades… Ben non ! Quarante jours de balade… mais qui nous mènent à l’Essentiel dans l’humilité de nos existences; le strict essentiel dans ce chemin de conversion à Dieu. Le désert silencieux, ce lieu de la Rencontre, où retentit la Parole de Dieu, parole libératrice et féconde, comme déjà au temps de Moïse.
Aussi pouvons-nous nous demander, si nos sacrifices, nos actes, si charitables soient-ils, nous conduiront à Christ ou bien si nous n’avons pas prendre ce chemin pour (re)découvrir la joie de suivre le Christ qui lui (et pas nous) sait transformer nos coeurs. Vous me direz qu’au désert il faut lutter. Soit ! Mais ce ne sont pas nos luttes qui font le désert, mais le désert qui nous oblige à lutter pour tenir dans la Foi. En ce sens, le carême, pour reprendre les mots de Benoît XVI, est un itinéraire baptismal, une balade heureuse dans ce désert où nous ne pouvons pas perdre notre temps dans des occupations (ou des privations) vaines, mais où nous nous disposons pour être tout à Lui, jusqu’à nos frères.
J’ai reçu ce matin ce message pour le carême (l’auteure se reconnaitra) qui résume tout ce qui vient d’être écrit plus haut et que je vous re-donne, comme un passage de témoin :
Que ce retour à Dieu par l’essentiel soit un temps pour offrir ce que nous vivons au temps présent : nos joies comme nos angoisses, doutes, manquements, travail, amitié, instants de paix.
Bon et joyeux carême.