Kabbale : nom féminin d’origine hébraïque (qabbala, tradition reçue). La kabbale désigne la mystique juive qui interprète le texte biblique, non au sens littéral, mais de manière symbolique ou mystique, de manière à se rapprocher de Dieu. Au sens figuré, la kabbale désigne également un complot mené par un groupe de personne contre quelqu’un.
Mais plus qu’une définition, le livre de la Sagesse nous donne aujourd’hui à voir, la kabbale dans toute son horreur, annonçant celle que subira le Christ lui-même. Nous avons là toute la bonne recette pour une excellente kabbale. 1 – Désigner le coupable : un gêneur qui ne vit pas comme nous et qui a d’autres idées, ou mieux des idées qui viennent contredire les nôtres. 2 – Agir en groupe. 3 – Trouver les pires moyens pour l’élimination. 4 – Passer à l’acte. Mais je vous rassure, je ne tiens pas à faire dans le glauque ou la monstruosité : nous en avons eu notre dose ces jours derniers, donc nul besoin d’en rajouter. C’est un autre genre de kabbale qui nous intéresse[1. Ce n’est pas ce qui était prévu au départ, mais vu l’ambiance…].
C’est ce verset un tant soit peu mystérieux, kabbalistique qui a retenu mon attention : « Lorsque les frères de Jésus furent montés à Jérusalem pour la fête, il y monta lui aussi, non pas ostensiblement, mais en secret. »
Faut dire qu’il n’est pas très soutenu par sa famille Jésus. Si vous alliez lire quelques versets plus haut vous liriez : « Ses frères lui dirent: “Passe d’ici en Judée afin que tes disciples, eux aussi, puissent voir les oeuvres que tu fais. On n’agit pas en cachette quand on veut s’affirmer. Puisque tu accomplis de telles oeuvres, manifeste-toi au monde!” En effet, ses frères eux-mêmes ne croyaient pas en lui. » (Jn 7,3-5) Jésus ne peut même plus compter sur sa famille. L’évangile de Marc souligne même : « Jésus vient à la maison, et de nouveau la foule se rassemble, à tel point qu’ils ne pouvaient même pas prendre leur repas. À cette nouvelle, les gens de sa parenté vinrent pour s’emparer de lui. Car ils disaient: Il a perdu la tête.» (Mc 3,20-21) Même sa propre famille ne semble pas convaincue. Solitude de Jésus, qu’on aurait presque envie de lui taper sur l’épaule en lui glissant à l’oreille ce « T’inquiète mon gars, c’est pas grave, on est là ! »
Et une chose encore m’étonne. Jésus se sait en danger, mais pourtant il va à Jérusalem[3. Il s’agit ici d’un précédent séjour à Jérusalem, l’année précédent sa passion]. Franchement, est-ce que ça vaut le coup de se déplacer simplement pour une fête religieuse ? Mais manquerait-il cette Pâque qui rend gloire à ce Dieu, ce Père, qui a libéré son peuple. Certes, il va en secret. Ce qui n’est pas très glorieux mais finalement tellement humain. Car Jésus semble pris d’une frousse : apparaître c’est prendre le risque de s’affronter encore et toujours aux mêmes oppositions. Mais ouf, cette fois-ci ce n’est pas l’heure. Mais c’est rassurant de voir Jésus vivre les mêmes sentiments que nous : solitude, courage, crainte. A force de nous présenter un Jésus éthéré, mystérieux, kabbalistique… on en oublie toute son humanité. Dans son incarnation, n’aurait-il pris que notre chair ? Non, il a pris le package : chair, intelligence et sentiments depuis la peur jusqu’au courage, des rires jusqu’aux larmes, … Et c’est justement dans cette humanité, qu’il va se révéler à nous pleinement Fils, l’envoyé. J’aime ce visage de Jésus si humain, si proche qui rend enfin tout salut possible.
A suivre…
Les lectures du jour.
Est-ce que Jésus était prêt pour le vendredi saint ? ou bien ses disciples pas prêts pour Pâques ? Il fallait sans doute l’arrivée triomphale des Rameaux pour que “son heure vienne”….