Kamikaze : mot d’origine japonaise (de kami, dieu et kaze, vent : vent divin – mais ce serait plus juste de ne pas traduire mot à mot sinon par tempête diabolique). Ce mot désigne à l’origine ces pilotes de chasse japonais qui, lors de la seconde guerre mondiale, écrasait leur appareil sur les navires américains. Par extension, hélas, le kamikaze désigne un individu qui se fait exploser, au nom d’une soi-disante cause, dans le but de faire des victimes parmi des innocents.
C’est la question du jour : « Veut-il donc se suicider ?» se demandent les coreligionnaires de Jésus. Lorsque j’évoque la Passion avec mes étudiants, laïcs ou séminaristes, très souvent des doigts interrogateurs se lèvent : Jésus a-t-il voulu mourir pour révéler l’amour du Père ? A-t-il fait le choix de la Croix ou a-t-il subi la colère du Père ? Savait-il dès le départ qu’on allait le supprimer ? etc. C’est vrai qu’à force d’entendre, dans les évangiles, Jésus lui-même nous parler de sa passion prochaine, il peut être légitime de se poser la question. Les évangiles, relisant la vie du Christ à la lumière de Pâques, ne nous permettent pas de connaître avec précision le ‘savoir’ de Jésus à propos de sa Passion.
Tout au plus les évangiles nous révèlent-ils un Christ conscient de marcher vers la mort. Mais non par désir ni par volonté : Gethsémani[1. Lc 22,42 et par.] nous rappelle que cela n’était par plaisir (ouf !) Jésus n’a rien d’un kamikaze : il n’a fait mourir personne. Jésus n’a rien d’un kamikaze qui accepte de mourir pour prouver la justesse de sa cause. D’ailleurs, Jésus n’a pas de cause : il a un Père qui l’a envoyé. Tout ce qu’il a dit, tout ce qu’il a fait, bref : sa vie, ne fut que l’expression de cet amour du Père offert aux hommes. Mais comme je l’avais déjà dit, Jésus dérange. Ce n’est pas de sa propre initiative qu’il marche vers la Croix : la haine des hommes et leurs peurs le poussent vers ce destin terrible. Mais il le sait. Il avait le choix : se taire, passer sous silence cette Révélation, se plier aux exigences du monde… ou prendre le risque de la fidélité au Père et à sa mission de Fils, quitte à subir le sort que le monde lui réserve. Et ce risque il l’a pris et assumé par amour, jusqu’au bout, pour l’humanité.
Quand vous aurez élevé le Fils de l’homme,
alors vous comprendrez que moi, JE SUIS,
et que je ne fais rien par moi-même,
mais tout ce que je dis, c’est le Père qui me l’a enseigné.
En fait, Jésus est un kami-kaze[2. Le trait d’union a ici toute son importance], au sens étymologique : un vent divin, non pas une tempête destructrice mais le souffle ténu de la Parole du Père sur le monde.
A suivre…
Les lectures du jour.