Kärcher … avec un K comme carême

KarcherKärcher : nom d’une entreprise allemande fabricant des nettoyeurs haute-pression. La marque est aujourd’hui passé dans le langage courant et désigne tous les équipements de ce type. On utilise aussi le verbe dérivé : karchériser ou l’expression « passer au karcher ».

Un repas peu ordinaire[1. D’après Jn 13]

Je me souviens, dit Pierre, nous nous étions réunis, les Douze, avec quelques disciples, à Jérusalem, pour un repas. Thomas, comme à son habitude, essayait d’égayer la soirée avec ses blagues Carambar. Jacques et Jean entonnaient des chants de Galilée que nous reprenions en chœur, et le vin était excellent. Bref, ce fut un bon repas. Finalement chacun y mettait un peu du sien pour détendre l’atmosphère que les semaines précédentes avaient alourdie : les récriminations contre Jésus et nous se faisaient de plus en plus vindicatives, et l’on sentait bien le risque de nous retrouver devant le sanhédrin. Aussi, ce repas était une bonne occasion de souffler un peu. L’approche de la Pâque nous rassurait : les Grands-Prêtres avaient d’autres chats agneaux à fouetter, enfin, pensions-nous.

De nous tous, seul Jésus gardait un air grave, esquissait des sourires forcés, nous dévisageait un à un avec ce regard de tendresse qui lui est si habituel. Soudain, il s’est levé. Comme il se dirigeait vers la cuisine, je pensais qu’il allait saluer Marthe, toujours trop affairée, et les femmes. Mais je fus surpris quand il est revenu avec un broc à la main. Il a déposé son vêtement et l’a noué autour de ses reins. Puis, il s’est abaissé et s’est mis à nous laver les pieds. Tous nous le regardions étonnés. Certes, nous ne nous étions pas lavés les pieds, ni les mains d’ailleurs, avant de passer à table. Mais ce n’était pas le genre de Jésus d’être aussi à cheval sur notre propreté. Et puis, en plein milieu du repas, cela n’avait aucun sens !

Le lavement des piedsAlors, quand il est venu à moi, je n’ai pas pu me laisser faire : ‘Non ! Pas toi !’ lui ai-je dit. C’est vrai, j’aurais pu le faire moi-même. Mais il a insisté, me disant que je comprendrais plus tard. Bon, je veux bien croire que je ne suis pas fute-fute, mais faut pas me prendre pour une burne. Pas question que lui me lave les pieds, ce n’est pas son rôle : cela aurait du être à moi de lui laver les pieds. « Jamais ! » que j’lui ai répondu. Mais il est encore plus borné que moi. « Si je ne te lave pas, tu n’auras point de part avec moi. » qu’il me dit.

Là, j’ai pigé, enfin je croyais. Ce n’était pas pour nous rendre propre qu’il nous lavait les pieds, cela ne pouvait être que pour nous purifier. Lui qui est si pur, voulait que nous le soyons. Alors là, ok ! que je lui dis, J’veux bien être passé au kärcher ! Parce que là y’a du boulot. Etre enfin pur, tout-entier, plus pur qu’un pharisien, tiens ! Le top du top ! Et bien même pas ! « Vous êtes tous purs » qu’il nous dit tout en nous parlant de bain. Là, j’ai plus rien pigé ! Je me noyais dans ses explications. Parce qu’après, il nous a dit de faire la même chose entre nous : « lavez-vous les pieds les uns les autres ». J’ai failli lui faire remarquer : « Fallait le dire plus tôt ! On aurait même pu commencer par là ! » mais comme j’avais déjà dit une bourde je me suis tu.

Ce n’est que plus tard que j’ai compris. Ce geste-là résumait toute sa vie : tout ce qu’il a fait, il l’a accompli pour nous. Il s’est abaissé, dénudé pour nous jusqu’à la Croix, déposant sa vie pour ses brebis[2. Jn 10,11]. Oui, il fut vraiment Seigneur et maître en sa qualité de serviteur : serviteur du Père et notre serviteur. Oui, nous sommes purs et nous l’étions à son contact : sa sainteté et son amour étaient contagieux. Le fait de marcher à sa suite nous sanctifiait de jour en jour. Quel dommage que Judas ne l’ait pas compris.

Ce jour-là Jésus nous avait surpris. Bien plus, dans ce geste, il nous avait littéralement pris, saisi avec lui pour sa passion. Il nous a aimé jusqu’au bout et nous aime encore, lui le Vivant. A partir de ce jour, nous ne pourrions plus jamais vivre du Christ, sans contempler le Crucifié, sans nous-mêmes vivre de ce don du Christ, jusque dans le souci de notre frère, et avoir part avec lui, le Ressuscité. Mon kärcher était sa Croix.

A suivre…

Les lectures du jour.

K… comme Carême. Le principe : chaque jour (sauf le dimanche), dire le carême par un mot commençant  par K. Quarante jours donc quarante mots pour (re)découvrir le carême. Retrouvez tous les articles déjà parus de la série “K… comme Carême“.
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4 commentaires

  1. Pour la vente aucun problème ! Par contre la maison d’édition… je ne sais pas s’il y en a une qui en aurait le culot ! Ou alors une laïque qui fait juste un petit de religieux suffisamment vendeur…

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