Découvert récemment, un papyrus du IInd siècle, appelé le manuscrit de la Pentecôte ou de St Matthias, apporterait un témoignage éclairant sur la vie des premiers disciples de Jésus. L’auteur de ce document se présente comme étant Matthias, disciple du Seigneur, celui qui sera appelé à devenir Apôtre (Ac 1,25)1. Ce manuscrit retrace les faits et gestes des premiers disciples depuis la découverte du tombeau vide jusqu’à la Pentecôte.
Incipit
Moi, Matthias, disciple du Seigneur, je vous ai écrit déjà tous les évènements de la vie de notre Seigneur Jésus2 pendant qu’il fut parmi nous jusqu’aux jours où il fut crucifié et mis au tombeau. Dans ce livre, frères, je veux maintenant vous exposer comment le Seigneur s’est manifesté à nous après sa passion et comment nous sommes devenus les serviteurs de l’Évangile3.
Chapitre 1
Je me souviens de ce matin là. Déjà deux jours que nous avions abandonné Jésus à la croix, deux jours de pleurs et de crainte. La peur des chefs des prêtres nous avait dispersés dans Jérusalem. Je me trouvais moi-même avec Simon-Pierre et quelques autres disciples dans la maison de Barsabbas4. Nous n’osions plus sortir. Ce jour-là, au lendemain du sabbat, alors que nous étions encore endormis, des coups frappèrent la porte close. Simon-Pierre se dirigea, prudent, vers la porte. Méfiant il demanda : « Qui frappe ? ». Des voix de femmes répondirent : « C’est nous ! ». Simon-Pierre leur ouvrit. Marie la magdaléenne et d’autres femmes entrèrent affolées et apeurées. Elles criaient : « Le tombeau est vide. Il est vivant ! ». Ces paroles étaient pour nous incompréhensibles. Mais Pierre, suivi par un autre disciple, sortit en courant. Marie la magdaléenne rejoignit, elle aussi, le tombeau.
« Le tombeau est vide, il est Vivant ! » répétaient-elles. Je leur demandais si elles l’avaient vu. Elles nous racontèrent alors comment elles avaient découvert la pierre roulée. Et lorsqu’elles sont rentrées dans le tombeau, elles ont vu [… ici le document est endommagé…] et que le Seigneur était vivant. Leur témoignage nous laissa perplexe. Nous ne savions que penser des paroles de ces femmes. On leur avait dit que Jésus était vivant, mais lui, elles ne l’avaient pas vu.
Je vous le dis, frères, je n’ai pas cru aux paroles des femmes, je n’en étais alors pas capable. Une discussion s’éleva entre nous. Certains pensaient qu’il n’était donc jamais mort, et que Pierre allait le retrouver, qu’on le soignerait et le cacherait. Mais d’autres, comme moi, pensaient que le corps avait été volé, qu’on voulait, Romains ou grands-prêtres, nous empêcher de nous recueillir sur le lieu où l’on avait déposé notre maître. Dans l’un ou l’autre cas, je pris peur : nous serions accusés par les uns ou les autres d’avoir dérobé son corps. On allait nous rechercher, nous arrêter… comment cela finira-t-il ? J’avais peur pour ma vie tout en étant stupéfait du témoignage des femmes. Je voulais fuir loin de Jérusalem.
Commentaire
Il est intéressant de lire dans ce document, que l’annonce de la Résurrection ne fit pas d’emblée l’unanimité – ce que confirment aussi les évangiles (Lc 24,11). Il ne suffit pas aux femmes de crier ‘il est vivant’ pour qu’elles soient crues de tous les disciples. Et derrière les mots ‘vivant’, ‘résurrection’, quelle réalité (ou quel mystère) se cache. L’expérience des manifestations du Seigneur suffira-t-elle à faire changer d’avis Matthias et les disciples ? Ces questions sont toujours actuelles et interrogent nos manières d’annoncer le Ressuscité. Que nos contemporains peuvent-ils comprendre de notre foi au Ressuscité ? Suffit-il de leur dire « Christ est Vivant ! » ? Pour eux sans doute aussi, cela doit être du radotage…
Anna Mashal
- 1. Pour plus de renseignement vous pouvez télécharger l’article (en français) paru récemment dans la revue Christian Archaeology. ↩︎
- Ce document est inconnu à nos jours. ↩︎
- Le manuscrit est hélas incomplet : il se termine quelques jours après la Pentecôte, la suite est perdue. ↩︎
- Peut-être le Barsabbas dit Justus dont il est question en Ac 1,23. ↩︎
@François – Non, non, on ne l’a pas pris au sérieux, faut pas croire 😉
Mais c’est du beau travail, et on attend quand même la suite.
Simple précision : Tout ceci n’est qu’une fiction (y compris le manuscrit de l’Apôtre Matthias)… dès fois que vous le prendriez au sérieux !