Découvert récemment, un papyrus du IInd siècle retrace les faits et gestes des premiers disciples depuis la découverte du tombeau vide jusqu’à la Pentecôte. Ce manuscrit rapporterait le témoignage même de Matthias, disciple du Seigneur, celui qui sera appelé à devenir Apôtre (Ac 1,25) [61. Pour plus de renseignement vous pouvez télécharger l’article (en français) paru récemment dans la revue Christian Archaeology.].
Chapitre 4
Le débat houleux[1. Voir épisode précédent.] sur la découverte du tombeau vide et cette supposée apparition, ne dura pas longtemps. Marie la magdaléenne qui était restée près du sépulcre vint nous prévenir : la nouvelle du tombeau vide s’était répandue dans toute la ville et les grands-prêtres inspectaient déjà les lieux. Il paraissait évident qu’ils ne tarderaient pas à nous rechercher pour nous interroger et nous accuser d’avoir volé son corps. Il nous fallait avertir les autres disciples du danger. Sans doute n’étaient-ils même pas au courant de ce qui était arrivé au matin. Simon Pierre décida de partir pour Béthanie, accompagné de Jean-Marc[3. Ac 12,12], le fils de Joseph Barsabbas. En effet, il était fort probable que certains aient trouvé refuge chez Lazare et ses sœurs.
C’est à la nuit tombée que Pierre revint, accompagné de Matthieu, Jacques[4. Il doit s’agir ici de Jacques fils d’Alphée Mt 6,2 ; Mc 3,18 ; Lc 6,15.] et de Thaddée. A la lueur d’un braséro et de quelques torches, nous nous sommes installés dans la cour intérieure de la maison. Pierre alors nous raconta comment lui aussi il avait rencontré le Seigneur. Tandis qu’il se rendait à Béthanie, il avait traversé le jardin des Oliviers. Un homme s’est approché et lui a demandé : « Simon m’aimes-tu- ? »[4. Le manuscrit reprend ici la tradition johannique du dialogue entre Pierre et Jésus. Jn 21,15-19. Le récit de Matthias diffère parfois quant aux lieux et à la chronologie des quatre évangiles mais semble relater les mêmes évènements.] C’est alors que Simon-Pierre reconnu le Seigneur. Par trois fois, Jésus lui posa cette question. Par trois fois, Pierre avait répondu « Seigneur, tu sais que je t’aime ! » et par trois fois encore Jésus lui avait répondu : « Sois le berger de mes brebis ! ». Puis il disparut de ses yeux. Arrivé chez Lazare et ses sœurs, Pierre retrouva là ses trois compagnons, ceux-ci, à l’écoute de ses paroles, décidèrent de venir nous rejoindre.
A peine eut-il fini son récit que deux disciples vinrent à la maison. Ils disaient eux aussi que Jésus s’étaient manifesté sous d’autres traits à eux alors qu’ils s’en retournaient chez eux[5. Cf Lc 24,13-35]. Un homme les avait accompagnés depuis Jérusalem. Ce ne fut qu’à leur arrivée qu’ils le reconnurent alors qu’il rompait le pain. Mais comment dès lors, Jésus pouvait-il se trouver en deux endroits en même temps ? Loin de nous convaincre, ces récits nous laissaient perplexes et interrogatifs : était-ce donc son fantôme qui venait nous hanter ? Beaucoup encore doutaient qu’il soit vraiment Vivant.
Commentaire
C’est en chemin que le ressuscité se laisse rencontrer. Que ce soit à Pierre (Jn 20,15-19) ou aux disciples d’Emmaüs (Lc 24,13-35), Jésus rejoint des disciples enténébrés de doute ou de regrets. Jésus confie son peuple à celui qui pourtant l’avait renié : divine miséricorde. Mais justement, Jésus amène Pierre à passer d’un triple reniement à une triple déclaration de foi et d’amour. Il restaure ainsi une relation pleine de confiance entre lui et le premier des Apôtres. Jésus n’est plus celui qu’il a, autrefois, renié, mais celui qu’il aime toujours. Il en est de même pour les disciples d’Emmaüs : les disciples sont amenés à reconnaître la victoire du crucifié-ressuscité à la lumière de la Parole et de la fraction du pain. Sur nos chemins de vie, il est tout aussi présent. Mais comment le reconnaître, comment être sûr ? La suite du manuscrit essaie de répondre à cette question.
Anna Mashal
Alors là j’attends la réponse!