Je n’ai jamais été à l’aise avec cette prière souvent lue, méditée lors de rencontres ; sans doute la connaissez-vous : Christ, tu n’as pas de main, tu n’as que nos mains pour faire ton travail d’aujourd’hui...[1. prière anonyme du XV°s. à ce qu’on dit !] Nous risquons même de l’entendre davantage avec Diaconia 2013. Cette prière m’évoque, peut-être à tort, un triste constat d’impuissance, voire d’absence, du Seigneur. Puisqu’il ne peut pas le faire, alors je le ferai. Je le ferai parce que Jésus était un gentil garçon et qu’il faut faire comme lui. Je le ferai parce qu’il nous l’a demandé, et ainsi je gagne mon paradis, sinon… c’est l’enfer comme il est écrit en Mt 25 !
Entre la charité ‘Bisounours’ pleine de bons sentiments, et la charité infernale (ou mercantile), je fais toujours le même constat (même si toute charité peut être louable) : le Christ n’a ni main, ni bras… Christ aux moignons mous !
Peuple de frères aux moignons mous
ou relire Mt 25.
D’ailleurs, à lire Mt 25,31-46 (la parabole dite du ‘Jugement Dernier’), nous nous demandons : Et moi, quand ai-je nourri, visité, habillé…? Suis-je assez charitable’ ? Qu’ai-je fait de mes mains, moi chrétien indigne ? Une telle lecture pourrait vite faire de cette parabole celle du ‘Scrupule Dernier’. Ce serait oublier que celle-ci ne s’adresse pas à une personne mais aux nations à qui Dieu demande de veiller sur ces petits qui sont ses frères. Et je me risquerai même à affirmer que ces frères, prisonniers, malades, nus, assoiffés, affamés, décrivent la pauvreté des premières communautés chrétiennes, composées principalement d’indigents (1Co 1,26; 6,9-11 ; Jc). Ainsi, St Paul, et d’autres porteurs de la Bonne Nouvelle, ne se sont pas contentés d’une évangélisation de plages, ils sont allés vivre au sein des quartiers les plus populaires. Car Dieu, depuis la fondation du monde, prend le parti des fragiles, de ce peuple aux moignons mous en qui il met son Espérance !
La charité n’est pas un JE
De quoi témoignons-nous ?
Alors, la question n’est pas tant Que dois-je faire pour lui plaire ? Mais De quoi/qui témoignons-nous ? La vie de nos communautés chrétiennes dit-elle quelque chose du Christ qui agit en elle ? Car notre diaconie est LE véritable témoignage de notre fraternité, de Son Espérance et de Sa prière : ‘Notre Père que Ton règne vienne‘. C’est en vivant du Christ, que nous témoignons du bien, de la beauté du Royaume que Dieu veut pour tous, où il n’y aura pas de pauvre (Dt 15,5). Le souci du frère fragile est en cela un culte rendu à Dieu[4. Voilà des remarques à me faire passer pour un chrétien de gauche, un prêtre rouge ! ] : Tu aimeras ton Dieu… ET ton prochain (Mc 12,28-34). En ce culte diaconal, c’est toujours Dieu qui agit, qui nous donne ses bras, ses mains… sa vie. Vie donnée à la Croix et qui, dès lors, fait que notre diaconie devient Cruciale[5. du latin crux/croix] au sein de notre Eglise, Corps du Christ.
Christ, nous n’avons pas de mains, mais tu nous donnes les tiennes :
Tes mains, posées sur ces malades, mains de Dieu tendues aux affligés,
Tes mains, transpercées par la haine, mais offertes par amour.
Ce sont tes mains, Seigneur, qui nous guident, aveugles, sur les chemins de ton Royaume.
Car, désormais, nos mains sont les tiennes.
Christ, nous n’avons pas de bras, mais tu nous donnes les tiens :
Tes bras, embrassant les lépreux, bras de Dieu consolant ceux qui pleurent,
Tes bras étendus sur la Croix, accueillant le païen et paria.
Ce sont tes bras, Seigneur, qui nous rassemblent et nous portent, infirmes, en ton Royaume.
Car désormais, nos bras sont les tiens.
Je vis, mais ce n’est plus moi, c’est Christ qui vit en moi.
Car désormais, ma vie dans la chair,
je la vis dans la foi au Fils de Dieu
qui m’a aimé et s’est livré pour moi. (Ga 2,20 )
Oui, et d’ailleurs Jésus a ajouté que c’est à la charité entre nous (paroissiens, communautés, groupes, …) qu’on reconnaîtra que nous sommes ses disciples. Avant tout beau discours, aussi important soit-il.
Par ailleurs, je suis intéressé par l’exposé “Foi et diaconie dans la Bible”…
Non…je n’oserais pas ce genre de commentaire parce que J’ai -enfin NOUS – , si j’ai bien suivi, avons attendu quand même deux mois et demi pour un nouveau billet…alors je/ nous préfér(ons) te soigner aux petits oignons pour que tu continues à laisser quelques mots encore…au large 🙂
Petite précision : le premier qui me fait un commentaire genre ‘Pas de bras, pas de chocolat !’ je l’envoie “au feu éternel qui a été préparé pour le diable et pour ses anges.” Non mais !