Jeu n°4 : Marelle au parvis du Temple

femme-adultere-marelleCela va de soi : Jésus écrit sur le sol, il y a quelques cailloux à proximité : l’Evangile de dimanche nous décrit bien le jeu de la marelle ! D’autant qu’il est question d’une femme et comme tout le monde le sait :  la marelle est un jeu de filles (pas uniquement, certes). En tout cas, voilà  un jeu bien dangereux. Pour aller au Ciel depuis la Terre, il faut faire preuve de beaucoup d’adresse, avancer à cloche-pied, etc.. Un seul faux pas, un mauvais lancer et c’est perdu ! Pour les scribes et pharisiens de l’évangile, qui connaissent les règles par cœur, il en est de même pour la vie de foi : un seul faux pas sur le jeu des dix cases-commandements et tout est perdu ! Pire : le joueur, la joueuse doit être éliminé(e)… enfin, selon eux.

Suffirait-il de dépasser des limites écrites, des lignes tracées sur le sol, pour se voir exclu à jamais et du salut et de la vie ? Pour ces Pharisiens, la Loi est sanction pour qui (se) perd, pour qui s’égare. A ce jeu de marelle, seuls les parfaits iront au Ciel. Et pour eux, cette femme c’est le faux pas, le grave faux pas de l’adultère. Elle a raté une case, elle doit donc être lapidée. Ah ! ils sont durs au jeu ces pharisiens : on n’échappe pas à leur jugement. Mais il faut bien suivre les règles, c’est comme ça, c’est écrit, un point c’est tout ! Et qui pourrait le contester ? Jésus, ce petit trublion galiléen ? Qui sait ? Déjà qu’il n’est pas très rigoureux avec les règles du sabbat ou de pureté.

Attendant son sort inéluctable, voilà donc cette condamnée trimbalée jusqu’aux pieds de Jésus, comme un vulgaire paquet de linge sale. Elle n’est qu’un prétexte, une mauvaise femme-objet, qui doit subir le jugement, sans parole, sans défenseur, sans même son amant complice (Lv 20,10; Dt 22,22). Mais aucun n’attend une parole de sa part, tous guettent une sentence de Jésus.Donnera-t-il raison aux Pharisiens ou bien se situera-t-il en ennemi de la Loi ? Est-il conservateur ou progressiste ? Faux débat.

marelle-seniorsCelui d’entre vous qui est sans péché, qu’il soit le premier à lui jeter la pierre.” dit-il aux accusateurs, tout en dessinant sur le sol une autre marelle, non pas une marelle-sanction, mais une marelle-pardon. En effet, qui peut dire, y compris parmi les accusateurs, qu’il n’a jamais fait un mauvais pas, et ‘mérite’ donc, tout comme cette femme, d’être exclu du jeu ? Car qui peut se dire sans péché, sinon Dieu seul, l’unique et seul juge ? Les pharisiens sont pris à leur propre piège. Face au Christ, se révèle la vérité de leur état de pécheur.

Pendant ce temps, Jésus continue à dessiner sur le sol, se baissant, s’abaissant pour rejoindre cette femme humiliée, comme pour mieux être en vis à vis, en vie à vie. Il trace cette autre marelle, celle du dialogue : “Femme, où sont-ils donc ?…” Cette marelle-là est celle de la Loi qui est Vie, la Loi-Parole de Dieu qui fait grandir, qui ouvre toujours un chemin de salut, de pardon. Une marelle d’Evangile qui sait aussi bien ce qu’est le péché que la miséricorde du Seigneur, Celui qui nous aime et nous dit : ‘Moi non plus, je ne te condamne pas. Va ! Et ne pèche plus.’ L’avenir s’ouvre à nouveau, et de son doigt, déjà, pour elle, il pointe le Ciel.

 

 

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