Jeu n°5 : A califourchon, la grâce du Christ

piggybackJe ne me souviens plus si ce jeu d’enfants portait un nom[1. D’ailleurs, si l’un de vous a la réponse : merci de combler cette lacune]. Nous montions sur le dos d’un camarade pour une course, pour désarçonner ses adversaires et néanmoins copains. Et bien évidemment, dans ce cas, autant choisir un partenaire robuste pour jouer la monture et être sûr de gagner ou, au moins pour les frêles peureux comme moi, ne pas tomber ! Le fort porte le faible, le plus grand le plus petit, tous deux trouvant ainsi un heureux mais néanmoins instable, équilibre.

Pour son entrée à Jérusalem (Lc 19,28-41), Jésus aurait pu prendre une monture plus robuste : un boeuf, un dromadaire, un éléphant, un cheval ! Il aurait pu d’ailleurs tout aussi bien, ce flemmard, marcher à pied comme tout le monde ! Eh bien, non. Il choisit une monture commune : un âne, pire encore un ânon. Un jeune baudet sur lequel aucun homme n’est encore monté car pas assez robuste ! (Mais que fait la SPA ?)

Cet ânon fragile, il est allé l’envoyer chercher, le délier, le délivrer de son maître. Déjà les premiers (et derniers) pas du pas du Christ vers Jérusalem, sont des signes de libération : Détachez-le et amenez-le. C’est ce faible, ce jeune que les disciples doivent délier pour l’amener au Christ, prémices de leur notre mission dans le monde.

Entry Into Jerusalem by Pedro Orrente c. 1620Un ânon enfin libre. Il porte désormais tout le poids du Christ, non une charge mais une grâce, un poids léger, comme le narrait un autre évangéliste : son joug est facile à porter et son fardeau léger (Mt 11,30). Avec lui, il gravit le mont des Oliviers  encouragé par une foule joyeuse. Celle-ci lui facilite la route, déposant ses manteaux sur le chemin, tout autant pour honorer le Christ que la fragilité des sabots de notre ânon.  Cette foule acclame son Roi porté par un ânon et marchant ainsi presque sans peine vers la Passion et le Salut.

Cet ânon, à nos yeux, est peut-être cet inutile improductif : trop petit, trop jeune, trop fragile, trop commun, pas assez riche, pas assez savant, pas assez fort, incapable de parler… Mais Jésus en avait besoin. Sans lui, il ne pourrait dire son humilité annoncée par les prophètes : Voici que ton roi vient à toi, il est juste et victorieux, humble, monté sur un âne, sur un ânon, le petit d’une ânesse (Za 9,9). Sans lui, il ne pourrait aller vers Jérusalem. C’est ce pauvre ânon qui le porte, le transporte, et non ces cris de vivas royaux qui bientôt se changeront en cris accusateurs. Jésus  avait besoin de lui, besoin de cette pauvreté, besoin de cette immaturité, besoin de cette faiblesse capable néanmoins de porter la puissance de grâce du Christ lui-même.

Photo en Une, Flickr : National Library of Australia Commons
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2 commentaires

  1. j’avais occulté l’ânon …Je n’avais pas pensé à cette interprétation, pourtant “éclatante”…..maintenant (!!) . Merci

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