Nous y avons tous joué lorsque nous étions enfants, et même encore aujourd’hui quand il faut occuper ces
foutus mioches : le jeu des mimes, jeu où l’art du geste posé doit permettre aux autres de deviner un métier, une attitude, etc.
Poser un geste, ça Jésus sait le faire. Quant à faire deviner, c’est plutôt moyen. Faut dire qu’en face de lui, ses disciples ne sont, généralement, pas trop fute-fute … Et ce jour-là encore moins. Pourtant, Jésus avait bien préparé les choses : se lever au milieu du repas, déposer son vêtement, prendre un linge et se mettre à laver les pieds de ses disciples, l’un après l’autre; chacun de ses gestes avait déjà son propre sens, pourtant incompris aux yeux des disciples.
Incompris ce mime ? Bon c’est vrai, Jésus, comme à son habitude, se la joue finaud : il mime un lavage de pieds sales pour faire deviner son propre don, son propre amour sur la croix. ‘C’est un exemple que je vous donne’… non pas un mime à refaire, mais un geste à comprendre. Lui le Seigneur et le maître s’abaisse pour montrer jusqu’où il ira : s’élever sur
un trône une croix.
C’est un mime afin que ceux qui veulent le suivre puissent comprendre et vivre, de et par, cet amour jusqu’au-boutiste. Et ce n’est pas seulement un mime, c’est un signe, c’est don total allant jusqu’à l’abaissement pour le salut de tous.
D’ailleurs je dis souvent à mes pauvres élèves séminaristes que ce chapitre de Saint Jean est celui des trois dons et DU don.
Le Christ au trois mimes dons :
- le don du signe du lavement des pieds : ‘c’est un exemple que je vous donne‘ Jn 13,15, signe du véritable amour évangélique qui ne peut se vivre que dans le Christ, grâce à la contemplation du Fils depuis son incarnation jusqu’à la Croix et la Résurrection.
- le don de la bouchée à Judas qui montre combien le christ aime tous ses disciples jusqu’au bout allant jusqu’à honorer celui-là même qui le trahit : ‘trempant alors la bouchée, il la prend et la donne à Judas, fils de Simon Isacriote‘ Jn 13,26.
- le don du commandement nouveau qui nous invite à entrer dans cette déconcertante logique divine de fraternité : aimer et servir à la manière de Dieu, servir et aimer avec la vie de Dieu. Je vous donne un commandement nouveau : Aimez-vous les uns les autres, comme je vous ai aimé. Jn 13,34.
Trois mimes qui n’en sont pas. Trois dons comme un simple puzzle à trois pièces (D’ailleurs allez lire David : ça vaut le coup ! ou Stéphane pour jouer encore); trois dons, non mimés mais pleinement vécus, comme les signes mêmes d’un salut qui nous est offert. Vraiment, Christ est inimitable !