Noël : trop vrai pour être beau

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Sans surprise, sera célébrée ce 25 décembre la naissance de Jésus. Sans surprise hélas ! Le calendrier de l’Avent arrive à terme, comme prévu. La crèche est installée, les décorations ornent la maison. Tout est prêt pour le jour J, le jour N…. et Joyeux Noël ! Attendre Noël…. bel oxymore. Top beau pour être vrai ? Non : trop vrai pour être beau.

Un des versets qui m’étonne toujours dans le récit lucanien de la nativité est cette ironie angélique adressée aux bergers : Et voici le signe qui vous est donné : vous trouverez un nouveau-né, emmailloté et couché dans une mangeoire Lc 2,12. Vous parlez d’un signe ! Dans la tradition biblique le signe est la marque ostensible de la présence agissante de Dieu envers son Peuple : signe de l’arc-en-ciel  (Gn 9,13) , celui de la circoncision (Gn 17,11), signes de la sortie d’Egypte (Ex 3,12… Nb 14,11), etc. Souvent associé aux prodiges, le signe manifeste clairement l’Alliance salvatrice de Dieu pour son peuple.

Or le signe donné à voir aux bergers de Bethléem n’a rien de clair ni de prodigieux, rien qui d’emblée laisse percevoir le salut divin à l’œuvre : un nouveau-né quelconque n’ayant pour berceau que la mangeoire d’une étable sordide. En soi, avouons-le, il n’y a rien rien d’extraordinaire, rien de beau… mais pourtant cela est tellement vrai, trop vrai pour être beau.

“Vous trouverez un nouveau-né, emmailloté et couché dans une mangeoire

Waldburg-Gebetbuch_180_detailEn ce nouveau-né voici l’Innommable nommé. Ce Dieu dont on ne prononçait le Nom se fait un pré-Nom à la fois des plus banals à l’époque et cependant le plus signifiant : Jésus – Dieu sauve… banalité explicite, trop probant pour être insoupçonné.

En cet enfant emmailloté voici l’évidence voilée du Salut révélé.  Rien qu’un sauveur fragile qui se livre aux soins de son Peuple. Sauveur immobile, préfiguration de Celui qui révèlera pleinement ce Salut à la Croix. Signe trop vrai pour être fort.

En cet enfant endormi et couché, l’inconcevable est conçu. Le mystère de l’Incarnation où Dieu nous sur-prend, prend sur notre humanité toute cette fragilité infantile. Et le Verbe se fait chair en babillements, pleurs et cris, loin de toute poésie ou rhétorique orgueilleuses. Trop vrai pour être beau.

En cette mangeoire anodine trône un enfant dont la puissance n’a pris ni les ors, ni les gloires mondaines, dont la royauté n’a pour seule couronne, que les baisers et les soins d’un père et d’une mère, et l’Espérance inespérée du Père.

A Noël, Dieu nous surprendra-t-il encore et toujours ?

Joyeux surprenant Noël à toutes et à tous !

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