2e dimanche de carême (année A)
“Jésus prend avec lui Pierre, Jacques et Jean son frère, et il les emmène à l’écart, sur une haute montagne.” (Mt 17,1-9)
Ce haut lieu n’est qu’une montagne, lieu biblique privilégié de la rencontre avec Dieu. Sur une montagne Dieu parlait à Moïse dans le feu, au son du cor, c’était au mont Sinaï (Ex 19,19). Un jour de fête où Dieu donna à son peuple ses dix Paroles : dix commandements pour un vivre-ensemble. Sur une montagne, Dieu parlait à Elie dans le murmure silencieux d’une brise légère (1R 19,12), C’était à l’Horeb (qui se confond dans la Bible avec le Sinaï). Un jour de tristesse où Dieu vint consoler son prophète en fuite, lui parler dans l’intimité du cœur. Sur cette montagne de Galilée, Jésus parle, dialogue, s’entretient comme on s’entretiendrait avec des amis. Bien plus, il est lui-même la Parole, la Loi et les Prophètes, celle qui est à la fois Don de Dieu et rejoint l’intimité silencieuse de nos cœurs.
Ce haut lieu, cette rencontre au sommet, c’est la rencontre avec ces personnalités : Moïse, et Élie. Moïse conduisit le peuple durant 40 ans au désert, Élie marcha 40, jours dans le désert pour atteindre l’Horeb. Ces prophètes contredits, contestés par le peuple pour Moïse, par la reine Jézabel pour Élie. Et Jésus lui-même sera bafoué, crucifié… mais transfiguré, ressuscité, glorifié. Moïse et Élie figurent ces prophètes que Dieu a tant aimés.,. comme son propre Fils. Moïse et Élie dont le peuple attendait le retour au jour dernier… Voici qu’ils nous désignent Jésus Christ, lui seul.
Sur ce haut lieu, Jésus est révélé, comme en pleine lumière, et par Moïse et Élie, et par le Père. Il est celui qui est comblé et rempli de l’amour du Père. Désormais, à qui veut connaître cet amour divin, une seule figure nous est désignée : Jésus, Fils de Dieu. Et si Pierre, Jacques et Jean veulent demeurer sur ce haut-lieu qui les comble, Jésus les oblige à redescendre, à rejoindre les bas lieux, à faire résonner sa Parole jusque dans les culs-de basse-fosse.
Jésus s’approcha, les toucha et leur dit : « Relevez-vous et n’ayez pas peur ! » : toucher, relever les mêmes verbes que l’évangéliste utilise pour décrire la guérison de la Belle-mère de Pierre (Mt 8,15). La Parole de Jésus guérit les disciples. Mais les guérir de quoi ? De la crainte de rejoindre, à sa suite et à son service, ce monde d’en-bas auquel Jésus se donne, par amour du Père, jusqu’à la croix. Car Lui qui est de condition divine n’a pas considéré comme une proie à saisir d’être l’égal de Dieu. Mais il s’est dépouillé, prenant la condition de serviteur, devenant semblable aux hommes, et, reconnu à son aspect comme un homme, il s’est abaissé, devenant obéissant jusqu’à la mort, à la mort sur une croix. C’est pourquoi Dieu l’a souverainement élevé… (Ph 2,6-11)