Rencontre #11 … en toute fraternité mon père, monseigneur, votre éminence…

Mardi (2e sem. de carême, année A)

Pour vous, ne vous faites pas donner le titre de Rabbi, car vous n’avez qu’un seul enseignant, et vous êtes tous frères. Ne donnez à personne sur terre le nom de père, car vous n’avez qu’un seul Père, celui qui est aux cieux. Ne vous faites pas non plus appeler maîtres, car vous n’avez qu’un seul maître, le Christ. Le plus grand parmi vous sera votre serviteur. Qui s’élèvera sera abaissé, qui s’abaissera sera élevé. (Mt 23,1-12)

conques - un eveque simmoniaque en enfer

Il faut le dire les paroles de Jésus font mouche. Scribes et pharisiens en prennent pour leur grade : ils disent mais ne font pas, et ce qu’ils font c’est pour être remarqués. Mais, à travers ces invectives de Jésus contre les scribes et pharisiens, Matthieu veut également adresser un message à sa propre communauté, et notamment ses responsables et ministres : Pour vous. Et ce ‘pour vous’ est aussi pour nous, aujourd’hui, prêtres, diacres, évêques mais également pour tout à chacun qui exerce une responsabilité en Église. Et ces paroles font encore mouche…

Bien sûr aujourd’hui, plus personne, parmi nous, clercs ou responsables ecclésiaux, ne se promène avec des dentelles phylactères, aime les places d’honneur, aime à distribuer des photos de soi pour inviter les fidèles à prier pour nous, ni ne glousse à se faire appeler pompeusement ‘Mon Père’, ‘Monseigneur’… Aucune de nos homélies sermons invite à telle ou telle conversion ou effort dont nous-mêmes nous nous excluons, etc. Sinon pour suivre consciencieusement ce qui est écrit et non pour se faire plaisir, bien sûr.

Malgré tout, il est bon de réentendre ce passage de l’Évangile selon Matthieu : la tentation de l’orgueil et du pouvoir est hélas toujours d’actualité et nous sommes bien faibles. L’humilité n’est jamais chose acquise, même pour les ministres ordonnés. Pour Matthieu cette humilité évangélique porte sur trois points :

La Parole : “Les scribes et les pharisiens enseignent dans la chaire de Moïse. Pratiquez donc et observez tout ce qu’ils peuvent vous dire.” Fort heureusement, la Parole de Dieu dépasse la qualité du ministre qui la proclame. Elle demeure ‘dialogue’ et porte du fruit indépendamment des prédicateurs : ouf ! Car, à travers la Parole, c’est le Christ lui-même qui nous enseigne, fidèles laïcs et ministres de l’Église. L’humilité c’est se mettre à l’écoute de la Parole jusqu’à en vivre.

La fraternité : “car vous n’avez qu’un seul enseignant, et vous êtes tous frères.” Dans les premières communautés, l’importance est donnée à un vivre-ensemble qui ne ressemble pas aux sociétés hiérarchisées d’alors (citoyens, hommes libres, esclaves, hommes, femmes, juifs, grecs. Ga 3,28) La Croix du Christ a fait tomber les barrières d’hier. Et s’il en est qui doivent avoir une responsabilité, cette dernière n’est pas une situation dominante mais un soutien fraternel. La vie fraternelle s’origine et se déploie dans cette communion avec le véritable Père et le Fils qui, par l’Esprit, nous donne cette nouvelle identité baptismale de “frères” (ou “sœur” pour les féministes).

L’abaissement dans le service : “Le plus grand parmi vous sera votre serviteur. Qui s’élèvera sera abaissé, qui s’abaissera sera élevé.” La réussite ecclésiastique n’est donc pas une affaire de titre, mais d’amour allant jusqu’à l’abnégation, et parfois l’humiliation, pour servir le frère.

La Parole, la fraternité, l’abaissement dans le service : comment ne pas reconnaître derrière ces mots, le visage du Christ lui-même qui oriente tout ministère dans cette humilité divine. Mais nous ne serons jamais parfaits.

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