Voyant revenir les gardes qu’ils avaient envoyés arrêter Jésus, les chefs des prêtres et les pharisiens leur demandèrent : « Pourquoi ne l’avez-vous pas ramené ? » Les gardes répondirent : « Jamais un homme n’a parlé comme cet homme ! » (Jn 7,40-53)
L’évangile d’aujourd’hui poursuit notre rencontre d’hier. Une scène qui se déroule maintenant en l’absence de Jésus. Nous suivons ici les grands-prêtres, les pharisiens et les gardes. Rares sont les passages des évangiles où Jésus est absent. Et même dans cette absence, il est le centre des conversations, et cette scène est pleine de cette ironie qui fait le charme de l’évangile selon saint Jean.
Tout ce chapitre porte sur l’identité de Jésus ou du moins la conception, l’idée que chacun attendait du Messie : LE Grand Prophète attendu, LE faiseur de miracles, LE Messie de Bethléem… Or Jésus vient justement en subvertir (ou convertir) l’image. L’attitude des gardes est emblématique de cette subversion. Ils sont venus vers Jésus pour l’arrêter, en dignes représentants armés de l’autorité religieuse des Grand-Prêtres et Pharisiens… et pourtant, ils ont dû se soumettre à l’autorité de sa Parole.
Une Parole qui apparaît nouvelle : ‘JAMAIS un homme n’a parlé comme cet homme’. Une invitation à toujours entendre cette Parole neuve qui nous renouvelle et nous fait vivre jusque dans l’amour du prochain. Une Parole qui devient divine : ‘Jamais un homme n’a parlé COMME CET HOMME’. Car Jésus s’offre à nos regards non seulement comme le seul homme vrai mais aussi comme venu du seul vrai Dieu. ‘Voici L’homme’ dira également Pilate à son propos comme pour nous dire ‘Voici l’Homme, véritable image du Père’.
Les pharisiens reprocheront à ces gardes : “Alors, vous aussi, vous vous êtes laissé égarer ?” Oui, ils se sont laissé égarer, et heureusement ! Sa Parole nous égare, elle nous invite à errer dans la vie, loin du cocon de nos habitudes et nos idées préconçues.
Finalement, ces gardes désobéissants, n’ont pu résister à l’autorité de la Parole du Christ. Mais pourtant, ils ont pleinement joué leur rôle. Les gardes ont gardé la Parole et préservé la Vie du Christ. Ils ont su la garder, l’accueillir en eux-mêmes mais non pour la conserver mais la partager : Jamais un homme n’a parlé comme cet homme.
Les pharisiens et les scribes, témoins des miracles de Jésus, et versés dans la science des Ecritures, n’en tirent aucun profit; leurs gardes, privés de ces avantages, sont gagnés par un seul des discours du Sauveur; ils étaient envoyés pour le charger de chaînes, et ils reviennent enchaînés par l’admiration dont ils sont remplis. Et ils ne disent pas : Nous n’avons pu nous saisir de sa personne à cause de la foule, mais ils proclament hautement la sagesse de Jésus-Christ : « Jamais homme n’a parlé comme cet homme. »
Saint Jean-Chrysostome, Homélies sur Saint Jean, 52,1