Le premier jour de la fête des pains sans levain, les disciples vinrent dire à Jésus : « Où veux-tu que nous fassions les préparatifs de ton repas pascal ? » Il leur dit : « Allez à la ville, chez un tel, et dites-lui : ‘Le Maître te fait dire : Mon temps est proche ; c’est chez toi que je veux célébrer la Pâque avec mes disciples.’» Les disciples firent ce que Jésus leur avait prescrit et ils préparèrent la Pâque. (Mt 26,14-25)
Bien sûr, l’évangile d’aujourd’hui nous présente également l’annonce de la trahison de Judas selon l’évangile de Matthieu. Comme à son habitude, Matthieu insiste sur l’accomplissement des Ecritures et développe l’embarras de tous les disciples osant poser la question ‘Serait-ce moi ?’ Ayant commenté cet épisode, mais selon saint Jean, hier, je n’y reviendrai pas. Un autre passage, assez énigmatique, nous intéressera : Pourquoi aller chez Untel dont on ne nous rapporte ni le nom, ni le lien avec Jésus et ses disciples ?
Il faut préparer la Pâque, fête de la sortie d’Égypte, de la libération des hébreux esclaves, de la constitution de ces derniers en Peuple de Dieu… Pâque célèbre l’initiative libératrice de Dieu. Il ne pouvait en être autrement pour Jésus : lui seul doit désigner le lieu de rassemblement où la fête prendra un sens renouvelé. La Pâque devient Sa Pâque. Où veux-tu que nous fassions les préparatifs de ton repas pascal ? Comme par anticipation à la Croix, Jésus est le cœur de la Pâque; il est la Pâque, le lieu même la libération et du salut. Comme il le dira lui-même : Mon temps est proche.
Mais cette Pâque ne concerne pas uniquement Jésus : il veut célébrer la Pâque avec ses disciples. Car ce repas sera pour eux mais aussi pour Untel. Le Salut concerne non seulement les disciples proches mais tout à chacun y compris nous. La Pâque du Christ n’est pas une vieille histoire, elle est l’aujourd’hui de l’Église. En désignant celui qui accueille le repas du Seigneur par Untel, l’anonyme, Matthieu veut signifier qu’à chaque Pâque, le Christ s’invite chez nous, serviteurs de la Parole, du Repas et de la Maison-Eglise. Aussi, Jésus se propose-t-il, à cet Untel et à nous, comme le Maître, c’est à dire le didascale (l’enseignant). Le repas de Pâque n’est plus seulement un rituel à vivre, mais une parole et un enseignement qui nous renouvelle et nous ouvre au mystère de la Croix.
Jésus, une fois de plus, nous invite à goûter la Parole de son dernier premier repas. Nous parlons souvent de la Cène comme le dernier repas de Jésus, sa dernière Pâque. Et pourtant, ce repas pascal particulier inaugure un temps nouveau : son temps que la Croix et la Résurrection viennent inaugurer. La Première et unique véritable Pâque.