Dimanche, 19ème Semaine du Temps Ordinaire – Année B – Évangile selon saint Jean (Jn 6,41-51)
Nous avons encore ‘oublié’ quelques versets 6,36-40 où le Christ insistait sur la volonté du Père d’envoyer son Fils pour qu’aucun ne se perde. Cette parole de Jésus débouche ainsi naturellement sur une contestation visant son identité et son autorité de Fils.
Descente et descendance
En ce temps-là, les Juifs récriminaient contre Jésus parce qu’il avait déclaré : « Moi, je suis le pain qui est descendu du ciel. » Ils disaient : « Celui-là n’est-il pas Jésus, fils de Joseph ? Nous connaissons bien son père et sa mère. Alors comment peut-il dire maintenant : ‘Je suis descendu du ciel’ ? » (6,41-42)
Jésus descend-il de Joseph – des hommes – ou du ciel – de Dieu ? La remarque de ces quelques contestataires rend compte du malentendu à propos de Jésus. Comment cet homme peut-il déclarer descendre du ciel puisqu’il est né au sein du peuple, en bas ? C’est bien le mystère du Verbe fait chair (Jn 1,14) qui est ici soulevé et bien plus. Dans la pensée biblique, il y a toujours cette difficulté à faire se rejoindre le monde céleste de Dieu (éternellement saint, pur, parfait, glorieux, puissant) et le monde terrestre (souvent pécheur, faillible, mortel, impur…). Cet ‘impossible’ contact – sinon dans la pureté parfaite et impossible – trouve maintenant sa réalité dans cette folle initiative de Dieu : en Jésus, le Verbe de Dieu s’est fait chair et a rejoint, par pur grâce, le monde des hommes en vue du salut.
⇒ Il est naturel de créer dans nos vies des espaces bien séparés : l’espace professionnel, la vie familiale, le domaine des loisirs, celui de la prière… Mais cette séparation ne doit pas faire oublier la nécessaire unité et cohérence, dans la foi, de tout notre être et de toute notre vie, sinon nous ne serions que des comédiens occasionnels et maladroits. La foi en Christ nous oblige à cette vérité qu’est la cohésion entre notre foi et nos actes avec tout notre entourage, au risque de l’humilité et de la compassion.
La Parole qui élève et fait vivre
Jésus reprit la parole : « Ne récriminez pas entre vous. Personne ne peut venir à moi, si le Père qui m’a envoyé ne l’attire, et moi, je le ressusciterai au dernier jour. Il est écrit dans les prophètes : Ils seront tous instruits par Dieu lui-même. Quiconque a entendu le Père et reçu son enseignement vient à moi. Certes, personne n’a jamais vu le Père, sinon celui qui vient de Dieu : celui-là seul a vu le Père. (6,43-46)
⇒ St Jérôme disait “Ignorer les Écritures, c’est ignorer le Christ”. Ouvrir les écritures, le pain de la Parole, n’est pas une option facultative pour le croyant. Si Jésus donne à voir le Père, nous avons à nous replonger dans le témoignage nourrissant des évangiles, des lettres de Paul et y compris dans l’Ancien Testament, afin de saisir tout l’amour du Père en son Fils.
Pain vivant
Amen, amen, je vous le dis : il a la vie éternelle, celui qui croit. Moi, je suis le pain de la vie. Au désert, vos pères ont mangé la manne, et ils sont morts ; mais le pain qui descend du ciel est tel que celui qui en mange ne mourra pas. Moi, je suis le pain vivant, qui est descendu du ciel : si quelqu’un mange de ce pain, il vivra éternellement. Le pain que je donnerai, c’est ma chair, donnée pour la vie du monde. » (6,47-51)
⇒ Certes, il y a la mort, mais il y a aussi ces ‘petites morts’ qui nous détournent de la Vie. Je ne veux pas en faire une liste à cocher. Dans le discernement, à la lumière de la Parole, dans le silence de la prière, avec l’aide d’un tiers, prêtre, diacre ou fidèle laïc, nous sommes en mesure de désigner ces attitudes, comportements, désirs ou omissions qui nous désorientent, nous ‘gavent’ autant qu’ils nous affament. Choisir de vivre du Christ, c’est choisir de se laisser nourrir par Lui, par sa Parole, par ses gestes, dans la charité, la prière, l’eucharistie, mais aussi par son pardon…