En Avent les prophètes

Autour de nous se donnent à sentir, à voir et à entendre les guirlandes lumineuses, les sapins décorés, les cantiques diffusés, les crèches discrètes, les vitrines attractives, les barbus en rouge, parfois la fausse neige, le vrai vin chaud, et les films sirupeux.

Photo : Marina Khrapova on Unsplash

Noël approche (et l’hiver vient).

Voilà sans doute bien des manières d’exprimer cette joie à donner et à partager animant nos contemporains. Ces petites choses qui pourraient presque constituer un calendrier de l’Avent à elles seules. Presque, car il ne nous faudrait pas oublier ni la dernière de ses cases : la naissance du Christ ; ni même la première : L’Espérance à vivre. Sans cela, l’Avent ne pourrait-être qu’une parenthèse vite oubliée, et le froid indifférent de l’hiver revenir à grand pas.

Prophètes

L’Espérance des prophètes

Dans ce temps de préparation à Noël, il n’y a pas seulement un calendrier à vider mais aussi des cœurs à remplir et une rencontre à saisir. Non pour un instant, mais à jamais. Si l’Espérance se distingue de l’espoir, c’est bien en cela. L’espoir est comme un rêve lointain, une utopie souvent inatteignable. L’Espérance, elle, est déjà là. Discrète et fragile, elle nous soutient et nous porte en avant. Mais où la chercher ? Où la trouver ?

Et si nous écoutions, durant cet Avent (année C), les paroles de ces prophètes bibliques d’hier ? N’ont-ils pas justement tout à nous apprendre sur l’Espérance ? Alors durant ces quatre dimanches, sur ce blog, Jérémie, Baruch, Sophonie et Michée sauront nous éclairer.

Dessins pour l'Avent

L’Espérance, ça c’est étonnant ! dit Dieu

À cette occasion, me revient en mémoire le texte de Charles Péguy ‘le porche du mystère de la deuxième vertu‘ (1911) dont je glisse ici quelques extraits pour vous le partager. (Lire le texte intégral)

La foi que j’aime le mieux, dit Dieu, c’est l’espérance.
La foi, ça ne m’étonne pas.
Ça n’est pas étonnant.

J’éclate tellement dans ma création.
Dans le soleil et dans la lune et dans les étoiles.
Dans toutes mes créatures.

[…]
Et dans l’homme.
Ma créature.
[…]
Et surtout dans les enfants.
Mes créatures.
Dans le regard et dans la voix des enfants.

[…]
La charité, dit Dieu, ça ne m’étonne pas.
Ça n’est pas étonnant.

Ces pauvres créatures sont si malheureuses qu’à moins d’avoir un cœur de pierre, comment n’auraient-elles point charité les unes des autres.
Comment n’auraient-ils point charité de leurs frères.

[…]
Mais l’espérance, dit Dieu, voilà ce qui m’étonne.
M
oi-même.
Ça c’est étonnant.

[…]
Ce qui m’étonne, dit Dieu, c’est l’espérance.
Et je n’en reviens pas.
Cette petite espérance qui n’a l’air de rien du tout.
Cette petite fille espérance.
Immortelle.
[…]
L’Espérance est une petite fille de rien du tout.
Qui est venue au monde le jour de Noël de l’année dernière.
Qui joue encore avec le bonhomme Janvier.
Avec ses petits sapins en bois d’Allemagne couverts de givre peint.
Et avec son bœuf et son âne en bois d’Allemagne.
Peints.

Et avec sa crèche pleine de paille que les bêtes ne mangent pas.
Puisqu’elles sont en bois.
C’est cette petite fille pourtant qui traversera les mondes.
Cette petite fille de rien du tout.
Elle seule, portant les autres, qui traversera les mondes révolus.
Comme l’étoile a conduit les trois rois du fin fond de l’Orient.
Vers le berceau de mon fils.

Ainsi une flamme tremblante.
Elle seule conduira les Vertus et les Mondes.
Une flamme percera des ténèbres éternelles.

Charles Péguy, Les mystères de Jeanne d’Arc, II. Le porche du mystère de la deuxième vertu, 1911.

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Un commentaire

  1. “Si l’Espérance se distingue de l’espoir…”, c’est aussi qu’Elle est à hauteur de Dieu quand l’autre n’est qu’à l’échelle humaine et paradoxalement oui, c’est Elle qui est.
    Là.
    Et ça va être chouette de La lire, ici. 🙂

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