Si durant cette année, nous entendons l’évangile de Luc lors des lectures dominicales, quelques épisodes sont cependant “oubliés” par la liturgie. Aussi, en début de semaine, je vous proposerai un bref aperçu de ces passages ignorés. Il ne s’agira pas de les commenter avec précision, mais de les présenter pour mieux saisir la progression de l’évangile et le contexte du passage proclamé le dimanche suivant.
Ainsi commence notre premier article de ce genre, articles qui seront intitulés, généralement, “Luc, entre …. et ….”. Ici nous allons regarder ce qui se passe entre la prédication de Jésus à Nazareth (Lc 4,1-30) et l’appel des premiers disciples au bord du lac à l’occasion d’une pêche miraculeuse (Lc 5,1-11).
Tout se passe à Capharnaüm (Lc 4,31-44), village situé au bord du lac de Galilée (ou de Génésareth en Luc), dans sa partie nord. Après l’épisode du lynchage manqué de Nazareth, Luc nous emmène avec Jésus directement à la synagogue de Capharnaüm.
Guérison d’un possédé à la synagogue
L’épisode décrit reprend en bien des points ce que nous avions vu dans l’évangile selon Marc à savoir : la guérison d’un homme possédé par un esprit impur (Lc 4,31-37 // Mc 1,21-28 commenté.). Cependant, situé juste après la prédication à Nazareth l’épisode reçoit un sens un peu différent. Exit d’ailleurs la présence des scribes tandis que la guérison de l’homme voit le démon sortir de lui. Et cela n’est pas seulement un détail.
Si à la synagogue de Nazareth, Jésus a été “sorti”, il affirme ici dans une autre synagogue la puissance de sa Parole de Grâce, qui fait sortir ce démon du dedans de l’homme sans lui faire de mal. Les épisodes sont donc à mettre en parallèle voire en opposition : les Nazaréens veulent précipiter Jésus du haut de la colline, tandis que Jésus relève et restaure l’homme possédé. À une volonté de mort, Jésus répond par un don de vie.
Guérison de la belle-mère de Pierre
Le passage suivant nous mène aussitôt à la maison de Simon-Pierre (4,38-44). C’est une grande différence d’avec l’évangile de Marc. Ce dernier nous présentait cet épisode (cf. Commentaire) après l’appel des disciples. Dans l’évangile de Luc, la guérison de la belle-mère de Pierre précède son appel et celui de ses condisciples (5,1-11). Cet agencement permet à Luc d’asseoir l’autorité de la Parole de Jésus, comme une parole de salut contre le mal dont les démons sont l’expression.
Ainsi l’appel des disciples, à la différence de Marc, se situe à l’issue d’un cheminement, d’un chemin de salut qui nous mène depuis la synagogue de Nazareth, jusqu’à la maison de Capharnaüm et bientôt au large, là où nous mène sa Parole : toujours plus loin.