Entre l’appel de Simon-Pierre et des premiers disciples sur le lac (5,1-11), et le discours des Béatitudes (6,17.20-26), l’évangéliste narre plusieurs épisodes :
- La purification d’un lépreux et autres guérisons (5,12-16)
- Le pardon et guérison d’un homme paralysé (5,17-26)
- L’appel de Lévi le publicain et le repas de l’Époux avec les pécheurs (5,27-39)
- Les épis cueillis un jour de sabbat (6,1-5)
- La guérison un sabbat d’un homme à la main desséchée (6,6-11)
- Le choix des douze apôtres (6,12-15)
L’ensemble de ces récits reprennent ceux de l’évangéliste Marc (Mc 1,40-3,19). L’originalité de Luc vient du fait qu’il ne situe pas ces récits en des endroits précis comme Capharnaüm, mais les place dans “une des villes“, “un jour” … De même, l’évangéliste a encadré ces récits par la mention de la prière de Jésus à l’écart (5,16 et 6,12). L’autre différence est l’évocation de la figure de l’Époux (5,34) qu’il a intégré au repas de Jésus avec Lévi et les pécheurs et non, comme en Marc, au sein d’une discussion à part avec des pharisiens. Car ce récit joue pour Luc un rôle central.
Jésus, le temple et le sabbat
Sans entrer dans le détail, nous pouvons remarquer une insistance sur la place de la Loi avec la mention des prêtres du Temple et du sabbat. Par ses actes envers le lépreux et surtout lors de la guérison de l’homme paralysé, Jésus se place comme le véritable “seigneur” du Temple, offrant purification et pardon. À l’occasion des épis cueillis et de la guérison d’un homme, Jésus s’affirme comme le maître du sabbat, une expression messianique. C’est entre ces récits que se déroule le repas chez Lévi avec les pécheurs.
L’Époux entre Moïse et David
Jésus s’affirme chez Lévi et face aux Pharisiens comme l’Époux des noces eschatologiques, noces qui se célèbrent non avec les plus pieux ou les plus purs, mais avec ces pécheurs fraîchement repentis. Jésus s’affirme donc comme celui qui vient accomplir le Salut de Dieu pour son peuple.
L’évocation de cet Époux divin et messianique se situe justement entre deux figures majeures du Judaïsme sur qui Jésus appuie toute son autorité : Moïse (5,14) et David (6,3). Ainsi Jésus ne se place pas en contradiction avec eux, il est celui que l’un et l’autre annonçaient (Dt 18,18 et Ps 109).
Jésus et ses Douze apôtres
Le choix des Douze vient donc à la suite de ces récits et de la prière de Jésus à son Père. Luc nous donne ainsi à contempler en Jésus le Sauveur d’Israël (24,21). Les douze apôtres, au nombre des tribus d’Israël, deviennent ainsi le signe d’une restauration définitive de la souveraineté de Dieu sur son peuple et le monde… mais de manière inattendue.
Les disciples institués apôtres sont ces pêcheurs du bord du Lac et ces publicains. Alors maintenant quel sera le programme de reconquête de celui que Luc nous a désigné comme l’époux messianique ? Qu’attend-il de ses disciples et apôtres ? Ce sera tout l’enjeu du discours suivant (6,20-49) introduit par les Béatitudes.