Veillez ! Tel est l’impératif entendu dans l’évangile : Ce que je vous dis là, je le dis à tous : Veillez ! (Mc 13,37). Jésus s’adresse à ses disciples qui scrutaient des signes extérieurs et terrifiants de la fin du monde et du jugement dernier. Mais l’événement attendu passera d’abord par la simple porte de la communauté, accueilli par son portier, le veilleur.
Pourquoi errer hors de tes chemins ?
Le prophète Isaïe le rappelle. La route des croyants suit parfois bien des détours et des égarements. Pourquoi nous laisses-tu errer hors de tes chemins ? Mais qui s’est égaré ? Le prophète le reconnaît lui-même : la communauté croyante a perdu de vue Dieu et son Alliance. La vie des fils d’Israël se confond avec les idolâtres impurs, et ses actes ne rendent pas compte de la Justice et de la charité.
Nous nous sommes égarés. Tous, nous étions comme des gens impurs, et tous nos actes justes n’étaient que linges souillés. Tous, nous étions desséchés comme des feuilles, et nos fautes, comme le vent, nous emportaient. Personne n’invoque plus ton nom. Is 64,5-6.
Ce nom divin est celui de Père confessé ici par le prophète pour la première fois dans ce livre. C’est toi, Seigneur, notre père ; « Notre-rédempteur-depuis-toujours », tel est ton nom (Is 63,16). Un Nom salvateur qui remettra son peuple sur son chemin.
Ils n’ont pas scruté
Le constat du prophète Isaïe porte sur ce manque d’attention. Dans leur désespérance, ils ont douté et regardé du mauvais côté. Jamais on n’a entendu, jamais on n’a ouï dire, nul œil n’a jamais vu un autre dieu que toi agir ainsi pour celui qui l’attend. Car ils ne l’attendaient plus, devenus aveugles et sourds. Invitation est donc faite à être désormais Celui qui l’attend, le veilleur, le guetteur. Le portier dira Jésus dans son discours sur la fin des temps.
De la fin du monde, à la finalité de la foi
S’adressant à ses disciples, Jésus affirme que cette fin ne leur appartient pas. Quoi qu’emplis de foi et de zèle, ils ne sont pas les maîtres du temps, de l’histoire et n’ont pas à user d’une mainmise idolâtre sur la volonté divine. Ils ne sauront ni le jour, ni l’heure. Rien ne l’annonce, inutile de regarder du côté le plus bruyant. Par contre, et comme l’a rappelé aussi la parabole du jugement dernier (Mt 25), à la fin dernière se substitue une finalité première : celle de veiller à la maisonnée. Tous sont désignés portiers. Ce dernier est celui qui accueille dans l’hospitalité du Christ. Il est celui qui veille au grain, comme celui qui réveille les assoupis du jour. (cf. commentaire Mc 13,24-37)
Biblique guetteur
L’image du veilleur ou du guetteur est très biblique. Veilleur où en est la nuit ? demande Isaïe (Is 21,11). Dans d’autres passages, c’est le Seigneur qui veille au bien de son peuple, à son avenir (Jr 31,28) et à l’accomplissement de sa promesse (Jr 1,12). L’image parle pour qui connaît bien ce rôle du guetteur. Le livre de Néhémie en témoigne.
Ne 7, 2 Je mis Jérusalem sous l’autorité de mon frère Hanani et de Hananya, commandant de la citadelle, qui était un homme de confiance et qui craignait Dieu plus que beaucoup d’autres. 3 Je leur dis : « Les portes de Jérusalem ne seront pas ouvertes tant que le soleil ne chauffera pas ; et les gens seront encore debout quand on devra clore et verrouiller les battants. On instituera une garde pour les habitants de Jérusalem, chacun ayant son tour de garde, chacun devant sa maison. » 4 La ville était vaste en tous sens, elle était grande, mais la population y était peu nombreuse et les maisons n’étaient pas reconstruites.
Ce petit détour par le livre de Néhémie, permet de rendre compte de cette dimension collective du guetteur. Tous, quoique peu nombreux, sont appelés à cette tâche, chacun veillera pour le bien de la ville tout entière. Ils veilleront jusqu’au lever d’un soleil chaleureux. Ces guetteurs ont la charge du bien commun, pour sa paix. Jésus ne le dit pas autrement : Ce que je vous dis là, je le dis à tous : Veillez !
Veilleurs de l’Avent
Le temps de l’Avent est considéré comme un temps de veille, d’attente active. C’est à cette vigilance que nous sommes appelés. Il ne s’agit pas de veiller sur soi. Ni de veiller comme au coin d’un âtre en se racontant de belles histoires. Devenir ces guetteurs d’Avent demande de quitter ses habitudes, son confort pour prendre son tour de garde, quelques soient les intempéries. Voilà les disciples appelés à la vigilance du monde comme au bien des plus fragiles et aux endormis de la communauté. Tous et chacun veillent sur les actes justes comme à la fidélité au Père. Aucun n’agit pour lui-même. Tous ne sont que d’humbles serviteurs et servantes. Ils préviendront du danger. Bien plus, ces guetteurs d’Avent voient l’horizon au-delà des murs cloitrés de leur ville. Ils sont ces personnes qui voient au loin pour se préparer à accueillir leur Seigneur.
Scruter l’invisible, percevoir l’inaudible
Mais d’où viendra-t-Il et comment ? De ce promontoire visible, ils prennent de la hauteur, scrutent et observent les choses de haut et en perspective. Attentifs aux bruits que le silence de la nuit laisse plus encore percevoir. Depuis le cri de celui qui souffre jusqu’aux chants des prophètes. Depuis le fracas d’un orage menaçant jusqu’au bruissement de la Création. Jusqu’au souffle ténu d’un enfant dans une mangeoire.
Jamais on n’a entendu, jamais on n’a ouï dire, nul œil n’a jamais vu un autre dieu que toi agir ainsi pour celui qui l’attend. Is 64,3.
ACTIVITÉ – Niveau de difficulté 1
Dans l’image ci-dessous, quels éléments et personnages liés à la venue du Sauveur observez-vous ?
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