Le signe du paralytique de Bethzatha ouvre un nouveau volet. Cet évènement se situe à nouveau à Jérusalem. L’évangéliste nous y amène, une seconde fois, à l’occasion d’une fête qu’il ne précise pas. Celle-ci insère pourtant le récit dans un contexte de célébration auquel, du fait de son infirmité, notre homme ne peut pleinement y participer.
A l’occasion d’une fête
Certains y voit la fête suivant la Pâque (Jn 2,13), c’est-à-dire Shavouoth, la Pentecôte, célébrant le don de la Torah aux Fils d’Israël. La guérison de l’infirme lui permettra de se rendre au Temple de Jérusalem. Mais, surtout, ce signe, donné à l’occasion d’un sabbat (5,1-18), débouche sur un débat quant à l’identité de Jésus (5,19-47). Cette guérison sera encore rappelée plus loin, en 7,23 : Si, le jour du sabbat, un homme peut recevoir la circoncision afin que la loi de Moïse soit respectée, pourquoi vous emporter contre moi parce que j’ai guéri un homme tout entier le jour du sabbat ? Il y a donc une certaine continuité dans ces chapitres 5-8 où se confrontent l’identité de Jésus, en tant que Fils, et la fidélité à la Loi de Moïse. Comment le Messie contredirait la Loi que Dieu a donné à son peuple ?
Jésus et le malade (5,1-9)
Jn 5, 1 Après cela, il y eut une fête juive, et Jésus monta à Jérusalem. 2 Or, à Jérusalem, près de la porte des Brebis, il existe une piscine qu’on appelle en hébreu Bethzatha. Elle a cinq colonnades, 3 sous lesquelles étaient couchés une foule de malades, aveugles, boiteux et impotents. (3b-4)1 5 Il y avait là un homme qui était malade depuis trente-huit ans. 6 Jésus, le voyant couché là, et apprenant qu’il était dans cet état depuis longtemps, lui dit : « Veux-tu être guéri ? » 7 Le malade lui répondit : « Seigneur, je n’ai personne pour me plonger dans la piscine au moment où l’eau bouillonne ; et pendant que j’y vais, un autre descend avant moi. » 8 Jésus lui dit : « Lève-toi, prends ton brancard, et marche. » 9 Et aussitôt l’homme fut guéri. Il prit son brancard : il marchait ! Or, ce jour-là était un jour de sabbat.
A la piscine de Bethzatha.
Située à au Nord du Temple et l’est de la porte des Brebis, la piscine de Bethzatha (en araméen maison de la grâce) est composée de deux bassins autrefois consacrés aux activités du Temple. L’évangéliste décrit un lieu, à l’écart de la sainteté du Temple, où s’entassent les infirmes, les boiteux et les aveugles : une véritable cour des miracles. Ces personnes, en raison de leur handicap, ne pourront s’approcher du sanctuaire et devront rester à l’écart, étant considérés comme impurs.
C’est, pourtant, en ce lieu et auprès de ces personnes que Jésus se rend durant cette fête juive, avant même d’avoir fait mention du Temple. Ils sont les premiers visités.
Depuis trente-huit ans
L’un d’eux est malade depuis trente-huit ans. Trente-huit années c’est déjà une éternité. Ses souffrances paraissent irrémédiables. Et depuis, jamais, il ne réussit à atteindre l’eau soi-disant bénéfique. Depuis trente-huit ans, il est le perdant de cette impitoyable course au salut où les moins invalides sont privilégiés. Les autres resteront toujours là. Ainsi, le fait remarquer l’infirme : Seigneur, je n’ai personne pour me plonger dans la piscine au moment où l’eau bouillonne ; et pendant que j’y vais, un autre descend avant moi.
Cette précision d’années renvoie également à la période d’errance que les fils d’Israël passèrent au désert, en raison de leur révolte contre Dieu, selon le livre du Deutéronome : Dt 2,14 De Cadès-Barnéa au passage du torrent de Zéred, notre marche a duré trente-huit ans, jusqu’à ce que disparaisse toute la génération des hommes de guerre, ainsi que le Seigneur l’avait juré. Ces trente-huit ans soulignent donc l’aboutissement, la fin d’un chemin, pour, enfin, entrer dans l’Alliance et en terre promise. Un avènement salvateur est donc attendu pour Israël auquel l’évangéliste fait correspondre la venue de Jésus sous ces cinq colonnades, clin d’œil probable aux cinq livres de la Torah.
Plus qu’une guérison, un salut
L’homme représente, pour une part, cette incapacité du croyant qui, en raison d’un handicap, à bénéficier du salut. Comme si la Loi, en ce lieu, manifestait, davantage, l’empêchement et la séparation que le salut et le rassemblement. L’eau, destinée au Temple, ne permet pas la guérison, pas même le salut. Le récit met donc en lumière la nécessaire présence de celui qui, par sa Parole et sa vie, donne la véritable eau vive (Jn 4). Ce n’est donc pas l’eau, ni les hommes, mais la seule parole de Jésus qui est salvatrice. Il ne propose pas à l’infirme une guérison, mais un changement : veux-tu devenir sain ? (trad. littérale). La proposition de Jésus ne consiste pas en un retour à un état normal, mais en un devenir, une vie nouvelle.
Seule l’initiative de Jésus ouvre un chemin de vie : Lève-toi, prends ton brancard, et marche. La croyance en l’action de la piscine, supposée miraculeuse, est totalement ignorée. Comme pour le fils du fonctionnaire royal (4,43-54), seule la Parole de Jésus sauve. Une parole qui répond à ces vaines années d’attente. Le relèvement de cet homme n’est pas un fin et permet à l’évangéliste d’ouvrir un débat sur le sens des œuvres de Jésus en ce jour de sabbat.
Le sabbat et le Temple (5,10-15)
5, 10 Les Juifs dirent donc à cet homme que Jésus avait remis sur pieds : « C’est le sabbat ! Il ne t’est pas permis de porter ton brancard. » 11 Il leur répliqua : « Celui qui m’a guéri, c’est lui qui m’a dit : “Prends ton brancard, et marche !” » 12 Ils l’interrogèrent : « Quel est l’homme qui t’a dit : “Prends ton brancard, et marche” ? » 13 Mais celui qui avait été rétabli ne savait pas qui c’était ; en effet, Jésus s’était éloigné, car il y avait foule à cet endroit. 14 Plus tard, Jésus le retrouve dans le Temple et lui dit : « Te voilà guéri. Ne pèche plus, il pourrait t’arriver quelque chose de pire. » 15 L’homme partit annoncer aux Juifs que c’était Jésus qui l’avait guéri.
Celui qui m’a fait devenir sain
Le récit de guérison débouche donc sur un récit de controverse : les juifs reprochent à l’infirme de porter un brancard le jour du sabbat. A la parole de Jésus ‘Prends ton brancard et marche !’ est opposée une autre parole, celle de la Loi sur le sabbat : Il ne t’est pas permis de porter ton brancard. Ainsi l’homme, remis de son immobilité depuis trente-huit ans, est arrêté dans son élan. Les Juifs de Jérusalem ne s’intéressent pas à son rétablissement, ni ne s’en réjouissent, préférant la rectitude de la Loi. Mais la guérison vient-elle s’opposer à la loi sur le sabbat ou lui donner sens ?
Car notre homme n’est pas, uniquement, un infirme guéri, remis sur pieds par un thaumaturge de passage, comme le perçoivent les Juifs de Jérusalem. Il est celui que Jésus a fait devenir sain (qu’hélas, la traduction liturgique a traduit par guérit). Le terme sain (en grec ugiès ὐγιής) suggère tout autant un rétablissement physique que spirituel. Mais bien plus, à ce propos, l’évangéliste utilise le verbe faire : Celui qui m’a fait devenir sain… L’infirme décrit sur non pas un acte de guérison, mais un acte créateur. Il s’affirme comme un être renouvelé par une Parole créatrice : Celui qui m’a dit…
Au Temple
La rencontre au sein du Temple n’est pas anodine. D’une part, elle permet de rendre compte du rétablissement : l’homme peut maintenant se joindre à l’assemblée des croyants. D’autre part, le Temple est, par excellence, le lieu de la rencontre et de la réconciliation entre Dieu et son peuple. Et Jésus, ce nouveau sanctuaire (2,18-22) pour une adoration, en esprit et en vérité (4,19-26), rencontre l’homme qu’il a relevé.
Ne pêche plus
La parole de Jésus peut nous surprendre : Te voilà guéri. Ne pèche plus, il pourrait t’arriver quelque chose de pire. Par péché, Jésus ne désigne pas son ancien état infirme dont il était victime. Et bien évidemment, il ne vise pas le fait qu’il ait porté son brancard un jour de sabbat. L’invitation de Jésus confirme combien son rétablissement n’est pas seulement physique mais aussi spirituel. Le péché ne désigne pas, uniquement, une violation de la Loi, mais, plus fondamentalement, le fait de s’écarter du Seigneur et de sa grâce. Ne plus pécher est une injonction à demeurer dans la grâce du Christ, à demeurer sain, recréé par sa parole. Par ce relèvement, Jésus replace ainsi le sabbat dans son lien avec la délivrance et la création.
- Dt 5,15 Tu te souviendras que tu as été esclave au pays d’Égypte, et que le Seigneur ton Dieu t’en a fait sortir à main forte et à bras étendu. C’est pourquoi le Seigneur ton Dieu t’a ordonné de célébrer le jour du sabbat.
- Ex 20,11 Car en six jours le Seigneur a fait le ciel, la terre, la mer et tout ce qu’ils contiennent, mais il s’est reposé le septième jour. C’est pourquoi le Seigneur a béni le jour du sabbat et l’a sanctifié.
Par sa Parole, Jésus a délivré l’homme de son mal, lui permettant de marcher librement. Il lui a permis de devenir sain. Invitation est faite à vivre de cette renaissance salvifique, et ne plus revenir à l’eau, sans vie, de la piscine dans laquelle il avait mis sa confiance durant trente-huit ans… cela serait pire encore : reconnaître le Christ et pourtant demeurer hors de la grâce. La parole de Jésus confirme ainsi l’ancien infirme dans sa foi. Il sort du Temple de pierres, libre et libéré, pour affirmer, auprès des siens, qui est celui qui l’avait rendu sain.
Cette parole ne correspond nullement un acte de délation auprès des Juifs. Il s’agit ici de son témoignage de foi. L’évangéliste utilise le verbe annoncer (angellô ἀναγγέλλω) qui a toujours, chez lui, un sens positif. Comme pour la Samaritaine, l’homme va annoncer aux siens, le salut en Jésus. Cependant, loin de l’accueil favorable des Samaritains, Jésus doit fait face à une rude opposition.
Les œuvres du Père (5,16-18)
5, 16 Et ceux-ci persécutaient Jésus parce qu’il avait fait cela le jour du sabbat.17 Jésus leur déclara : « Mon Père est toujours à l’œuvre, et moi aussi, je suis à l’œuvre. » 18 C’est pourquoi, de plus en plus, les Juifs cherchaient à le tuer, car non seulement il ne respectait pas le sabbat, mais encore il disait que Dieu était son propre Père, et il se faisait ainsi l’égal de Dieu.
Les œuvres du Père et de Jésus
La mention de la persécution, puis de la volonté de faire mourir Jésus, encadre la parole de ce dernier. Cette persécution rejoint, plus probablement, les conditions de vie de la communauté johannique qui voit une autre partie du judaïsme s’opposer fortement aux disciples de Jésus jusqu’à les expulser de la synagogues (9,22). Le cœur de cette opposition concerne la confession de foi en Jésus, Fils unique, issu du Père, et Verbe fait chair (Jn 1,14.18). Dans ce chapitre, les occurrences du mot Père sont des plus nombreuses de tout l’évangile. L’évangéliste souhaite établir l’unité entre Jésus et le Père jusque dans les épreuves. L’activité créatrice de Jésus est ainsi, pleinement, associée aux œuvres du Père, c’est-à-dire son dessein de salut.
Les Juifs présents semblent avoir compris ce lien entre Jésus et le Père en l’accusant de se faire l’égal de Dieu. L’accusation vise une supposée auto-proclamation concernant l’identité divine de Jésus, transgressant la transcendance du Dieu unique d’Israël. Ils ne pourront mettre leur foi en un « autre » dieu. Or, comme va le montrer la suite du dialogue entre Jésus et les Juifs de Jérusalem, sa présence ne manifeste pas un autre dieu, mais révèle la véritable divinité du Père, à travers ses œuvres.
Un jugement pour faire vivre (5,19-32)
5, 19 Jésus reprit donc la parole. Il leur déclarait : « Amen, amen, je vous le dis : le Fils ne peut rien faire de lui-même, il fait seulement ce qu’il voit faire par le Père ; ce que fait celui-ci, le Fils le fait pareillement. 20 Car le Père aime le Fils et lui montre tout ce qu’il fait. Il lui montrera des œuvres plus grandes encore, si bien que vous serez dans l’étonnement. 21 Comme le Père, en effet, relève les morts et les fait vivre, ainsi le Fils, lui aussi, fait vivre qui il veut. 22 Car le Père ne juge personne : il a donné au Fils tout pouvoir pour juger, 23 afin que tous honorent le Fils comme ils honorent le Père. Celui qui ne rend pas honneur au Fils ne rend pas non plus honneur au Père, qui l’a envoyé. 24 Amen, amen, je vous le dis : qui écoute ma parole et croit en Celui qui m’a envoyé, obtient la vie éternelle et il échappe au jugement, car déjà il passe de la mort à la vie. 25 Amen, amen, je vous le dis : l’heure vient – et c’est maintenant – où les morts entendront la voix du Fils de Dieu, et ceux qui l’auront entendue vivront. 26 Comme le Père, en effet, a la vie en lui-même, ainsi a-t-il donné au Fils d’avoir, lui aussi, la vie en lui-même ; 27 et il lui a donné pouvoir d’exercer le jugement, parce qu’il est le Fils de l’homme. 28 Ne soyez pas étonnés ; l’heure vient où tous ceux qui sont dans les tombeaux entendront sa voix ; 29 alors, ceux qui ont fait le bien sortiront pour ressusciter et vivre, ceux qui ont fait le mal, pour ressusciter et être jugés. 30 Moi, je ne peux rien faire de moi-même ; je rends mon jugement d’après ce que j’entends, et mon jugement est juste, parce que je ne cherche pas à faire ma volonté, mais la volonté de Celui qui m’a envoyé. 31 Si c’est moi qui me rends témoignage, mon témoignage n’est pas vrai ; 32 c’est un autre qui me rend témoignage, et je sais que le témoignage qu’il me rend est vrai.
Le Père et le Fils
La réaction des Juifs de Jérusalem soulève la question de la légitimité de Jésus à affirmer son lien particulier avec son Père. Le Christ souligne combien lien filial, qui l’unit à Dieu, n’exprime pas une altérité mais avant un amour qui les unit. Le dessein du Fils sert celui du Père. Les œuvres du Fils, en gestes et en paroles, manifestent la volonté de salut de Dieu. Il est celui qui veut faire renaître et vivre par la foi au Fils, et la voix de ce Fils. Pour l’évangéliste, Jésus est Celui que le Père a envoyé en vue du jugement. Le Fils révèle, pleinement, au milieu des hommes, le Père et son salut, offrant une vie éternelle, éternellement unie à Dieu. Par sa présence divine, Jésus vient inaugurer ce temps eschatologique espéré. Il ne s’autoproclame pas ‘Fils unique de Dieu’, il ne témoigne pas de lui-même. D’autres témoignent de lui.
Le témoignage pour le Père (5,33-38)
5, 33 Vous avez envoyé une délégation auprès de Jean le Baptiste, et il a rendu témoignage à la vérité. 34 Moi, ce n’est pas d’un homme que je reçois le témoignage, mais je parle ainsi pour que vous soyez sauvés. 35 Jean était la lampe qui brûle et qui brille, et vous avez voulu vous réjouir un moment à sa lumière. 36 Mais j’ai pour moi un témoignage plus grand que celui de Jean : ce sont les œuvres que le Père m’a donné d’accomplir ; les œuvres mêmes que je fais témoignent que le Père m’a envoyé. 37 Et le Père qui m’a envoyé, lui, m’a rendu témoignage. Vous n’avez jamais entendu sa voix, vous n’avez jamais vu sa face, 38 et vous ne laissez pas sa parole demeurer en vous, puisque vous ne croyez pas en celui que le Père a envoyé.
Le témoignage sur l’envoyé
Plusieurs témoins sont appelés la barre : Jean (le baptiste), le Père et ses œuvres (5,33-38) ainsi que Moïse et ses Écritures (5,39-47). Pour l’évangéliste, Jean est le premier témoin désignant Jésus comme l’Agneau de Dieu (1,2-34) et affirmant être l’ami de l’Époux (3,22-4,3). Les Juifs de Jérusalem, qui ont envoyé une délégation, n’ont pas mis foi en son action. Ils n’ont pas cru en cet homme ; de même, ils ne mettront pas foi en celui que le Père a envoyé auprès d’eux.
La présence de Jésus, Fils unique de Dieu, au milieu des siens, n’est pas de l’ordre d’une évidence qui s’impose d’emblée à tous. Pas même ses œuvres qui, pourtant, témoignent de l’agir créateur et salvifique du Père. Ainsi, Jésus dénonce leur immobilité, leur infirmité à ne pas croire en la Parole de celui que le Père a envoyé.
Le témoignage des Écritures (5,41-47)
5, 39 Vous scrutez les Écritures parce que vous pensez y trouver la vie éternelle ; or, ce sont les Écritures qui me rendent témoignage, 40 et vous ne voulez pas venir à moi pour avoir la vie ! 41 La gloire, je ne la reçois pas des hommes ; 42 d’ailleurs je vous connais : vous n’avez pas en vous l’amour de Dieu. 43 Moi, je suis venu au nom de mon Père, et vous ne me recevez pas ; qu’un autre vienne en son propre nom, celui-là, vous le recevrez ! 44 Comment pourriez-vous croire, vous qui recevez votre gloire les uns des autres, et qui ne cherchez pas la gloire qui vient du Dieu unique ? 45 Ne pensez pas que c’est moi qui vous accuserai devant le Père. Votre accusateur, c’est Moïse, en qui vous avez mis votre espérance. 46 Si vous croyiez Moïse, vous me croiriez aussi, car c’est à mon sujet qu’il a écrit. 47 Mais si vous ne croyez pas ses écrits, comment croirez-vous mes paroles ? »
Moïse accusateur
Jésus renvoie les Juifs de Jérusalem à leur connaissance, ce en quoi ils sont fortement attachés et dont ils se font les gardiens, comme à propos du sabbat : les Écritures, qui représentent ici la Loi de Moïse (5,46). A la suite de la guérison de l’infirme, ils opposaient ainsi l’action de Jésus au commandement concernant le sabbat. Selon eux, la Loi accuse Jésus, puisqu’il agit contrairement à celle-ci. Or, Jésus prend le contre-pied. Si la Loi permet de trouver la vie éternelle, elle doit conduire à Celui qui offre la vie éternelle. L’évangéliste oppose ainsi une écoute imparfaite de la Loi, la réduisant à une lecture légaliste, à une lecture plus théologale des Écritures. Si celles-ci portent en elles le dessein salvifique de Dieu, elles ne peuvent que témoigner du Fils. L’évangéliste nous renvoie à l’exemple du sabbat. Un interdit pour les uns, un temps de sanctification pour la vie éternelle pour Jésus.
La multiplication des pains, la marche sur les eaux et le discours du Pain de vie (Jn 6) vont mettre en lumière ce don de la vie éternelle par le Fils.
- Dans des manuscrits plus tardifs, on trouve cet ajout n’appartenant pas au texte original : ‘… qui attendaient l’agitation de l’eau, car à certains moments l’ange du Seigneur descendait dans la piscine ; l’eau s’agitait et le premier qui y entrait après que l’eau avait bouillonné était guéri, quelque fût sa maladie’ (trad. T.O.B.) ↩︎