Ces derniers versets viennent conclure le discours testamentaire de Jésus à ses disciples. Celui-ci réaffirme son identité de Fils, envoyé par le Père, pour révéler au monde son amour et son salut pour ceux qui croient.
Je vous parlerai sans image (16,25-28)
Jn 16,, 25 En disant cela, je vous ai parlé en images. L’heure vient où je vous parlerai sans images, et vous annoncerai ouvertement ce qui concerne le Père. 26 Ce jour-là, vous demanderez en mon nom ; or, je ne vous dis pas que moi, je prierai le Père pour vous, 27 car le Père lui-même vous aime, parce que vous m’avez aimé et vous avez cru que c’est de Dieu que je suis sorti. 28 Je suis sorti du Père, et je suis venu dans le monde ; maintenant, je quitte le monde, et je pars vers le Père. »
Ce jour-là
Ce long discours testamentaire de Jésus ne prendra sens que dans la réalité du ministère de Jésus, à l’heure qui vient, celle de la Passion. Elle constitue l’accomplissement de sa mission, annonçant ouvertement, à ceux qui croient, à ce « vous » destiné aux communautés chrétiennes, la révélation du Père. C’est à partir de ce mystère que prend sens la vie croyante : dans la prière et la foi. La prière, ici évoquée, est avant tout celle de la communauté rassemblée, et unie, à laquelle ce discours s’adresse, plus qu’une prière personnelle. Elle exprime la relation entre Dieu et les siens, une relation basée sur l’amour qu’Il vient révéler. Elle s’adresse au Père, au nom du Fils qui est ainsi Celui qui permet la véritable prière. La foi en Christ suppose la même acceptation du mystère de la Passion. Il ne s’agit pas seulement de croire en Jésus comme le Fils préexistant : « je suis sorti du Père », mais demande également d’avoir foi en celui qui est venu dans le monde pour aimer les siens jusqu’au bout. Son retour vers le Père exprime l’origine de cet amour livré.
L’Heure vient (16, 29-33)
16, 29 Ses disciples lui disent : « Voici que tu parles ouvertement et non plus en images. 30 Maintenant nous savons que tu sais toutes choses, et tu n’as pas besoin qu’on t’interroge : voilà pourquoi nous croyons que tu es sorti de Dieu. » 31 Jésus leur répondit : « Maintenant vous croyez ! 32 Voici que l’heure vient – déjà elle est venue – où vous serez dispersés chacun de son côté, et vous me laisserez seul ; mais je ne suis pas seul, puisque le Père est avec moi.33 Je vous ai parlé ainsi, afin qu’en moi vous ayez la paix. Dans le monde, vous avez à souffrir, mais courage ! Moi, je suis vainqueur du monde. »
Nous croyons
C’est maintenant l’ensemble des disciples réunis qui expriment une foi encore maladroite. Ces versets permettent de rattacher le discours à la narration peu avant le récit de la Passion. Les disciples pensent déjà avoir tout saisi de lui, avant son arrestation et sa condamnation. Ils font bien mention de sa sortie de Dieu, mais aucun de leur propos ne renvoie à la Passion, ni à son départ vers le Père. C’est Jésus qui tient à leur rappeler que la croix sera tout autant une épreuve (réussie) pour lui, qu’une épreuve (vécue dans l’échec) pour ses disciples.
L’expression de Jésus : Maintenant vous croyez ! est ironique. Leur foi sera bien fragile à l’heure de la Passion, tous se disperseront, aucun ne témoignera en sa faveur lors du procès. Leur foi doit accueillir le don de Dieu, la grâce, qui jaillira lors de la Passion. Sans la grâce de la croix, le disciple demeure dans la défaillance. Il ne s’agit nullement de reproches mais au contraire de montrer combien le dessein de salut s’accomplit à la Passion, où le bon berger sera abandonné des siens :
Za 13,7 Frappe le berger, les brebis seront dispersées.
C’est à partir de ce mystère de la croix que les disciples trouveront la paix offerte. A l’infidélité des disciples, répond la fidélité du Christ. C’est ce don, cette paix – qu’ils recevront, avec l’Esprit lors de la Résurrection : la paix soit avec vous – qui permettra aux disciples d’affronter les épreuves du monde. C’est le Christ qui agit en leur faveur, comme il agit déjà dans sa prière au Père (Jn 17).