Toujours et encore : un enfant sur la paille, des bergers aux champs, des anges dans le ciel. Tous les ans, le même scénario… Serons-nous encore surpris ? Y’a-t-il un point auquel nous ne prêtons guère attention ? Ce détail qui importe, bien que personne ne l’observe tant nos oreilles et nos yeux se concentre sur l’enfant de la mangeoire, à juste raison.
Joseph monta de Galilée vers la Judée
Le récit de la Nativité par l’évangéliste Luc (2,1-14) est une histoire de déplacements obligés, subis. Joseph et Marie doivent quitter Nazareth pour Bethléem, puis abandonner une salle commune comblée pour l’étable. Tout cela non par choix ou par plaisir mais à cause d’un recensement romain. C’est dans ce contexte, pourtant difficile, loin de tout cadre stable, confortable et rassurant, que Luc place la naissance de l’enfant Jésus. Il ne s’agit pas pour autant de hasard du calendrier lorsqu’il nous dit : le temps où elle devait enfanter fut accompli.
Le temps où elle devait enfanter fut accompli.
Le verbe accomplir, choisit par Luc, souligne le choix de Dieu. Il renvoie à son action, à son dessein : livrer son fils à une humanité bousculée, ballotée. La naissance de Jésus, en ces moments troubles, en cet endroit miséreux, exprime l’accomplissement divin. Le Fils de Dieu, du Dieu Très-Haut, advient dans ce monde-là, bien bas, sur la paille, au terme d’un périple difficile et compliqué. Or, c’est en cet instant inopportun aux yeux des uns, et en cet endroit inconvenant aux yeux des autres, que Dieu se révèle et rejoint l’humanité. C’est dans cette errance qu’il nous atteint lorsque nos vies sont tout aussi désorientées que le chemin de Joseph et Marie. C’est là, au sein d’une mangeoire, qu’un enfant sur la paille devient le signe de la Bonne Nouvelle, de l’Évangile de Dieu.
Aujourd’hui, une bonne nouvelle.
Luc confirme ce dessein de Dieu en poursuivant son récit par l’annonce faite aux bergers. Voici que je vous annonce une bonne nouvelle, qui sera une grande joie pour tout le peuple, leur dit l’ange du Seigneur. Ces bergers sont les premiers destinataires de cet Évangile, de cette Bonne Nouvelle. Eux qui représentent ce monde de la précarité et de l’inconfort. Eux vivant aux champs avec leurs troupeaux, loin des villages ; comme Jésus, dans la mangeoire, loin de la salle commune. Et pourtant, ou justement, c’est à ces bergers, éloignés du Temple et de la piété, que Dieu veut adresser en premier lieu cette Parole.
Une parole de Joie et d’Espérance : aujourd’hui, vous est né un sauveur, qui est le Christ et Seigneur. Ces bergers sont invités à se déplacer. Encore ? Non, car cette fois, il ne s’agit plus de contrainte ou d’errance. Désormais, aujourd’hui, ils marchent pour une bonne nouvelle : un chemin de joie et d’espérance vers ce sauveur nouveau-né emmailloté et couché dans une mangeoire.
Ce sont ces bergers qui ouvrent nos chemins vers celui qui nous a rejoint, en ce lieu et en cet instant, jusque dans nos pauvretés et nos peines.
Joyeux Noël