Vous trouverez ici quelques notes et documents concernant l’évangile selon saint Marc.
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Sommaire
La tradition de l’Église attribue la rédaction de cet évangile à Marc. Eusèbe de Césarée (IVe s.), rapporte qu’il fut l’interprète de Pierre, [et] a écrit avec exactitude mais pourtant sans ordre, tout ce dont il se souvenait de ce qui avait été dit ou fait par le Seigneur. […] Il n’avait pas entendu ou accompagné le Seigneur, mais il a accompagné Pierre (Hist.Ecc. III,39-45).
Cette tradition correspond à la mention d’un certain Marc que le premier des apôtres, en 1P 5,13, semble considérer comme son fils. Mais est-ce le même ? Est-il aussi ce Jean surnommé Marc, Jérusalémite (Ac 12,12.25), qui sera l’une des causes de la brouille (Ac 15,37-39) entre Barnabé, son cousin (selon Col. 4,10), et Paul ? Est-ce encore ce Marc, prénom répandu, que Paul désigne également parmi ses compagnons (2Tm 4,11 ; Phm 24) ? Ces mentions font-elles toutes référence au même homme, auteur de l’évangile, ou ce dernier est-il encore une autre personne ? Difficile d’affirmer l’un ou l’autre.
Quoiqu’il en soit, Marc est toujours mentionné, dans la sphère judéo-chrétienne apostolique, en lien avec Barnabé, Pierre ou Paul. Aussi beaucoup voit en lui un chrétien juif qui aurait vécu non en Judée mais dans la diaspora et, lors de la rédaction de son évangile, à Rome. Un évangile qui inspirera des années plus tard celui de Matthieu et celui de Luc.
L’évangile de Marc semble avoir été rédigé à Rome, comme le veut également la tradition. À partir de sources et témoignages épars, l’auteur a écrit son évangile dans un grec populaire. Il a traduit des termes araméens pour ses lecteurs – qui, en tout ou partie, ne connaissent pas cette langue (3,17 ; 7,34, 15,22.34) – et use de mots et expressions dérivés du latin (ex : Légion 5,8 ; Lepte 12,42 monnaie romaine). L’insistance de Marc sur les persécutions, sur la croix, et l’atmosphère tumultueux de certains chapitres (Mc 13) suggèrent que cette œuvre fut écrite après 64, année des persécutions de Néron envers les chrétiens de Rome, et un peu avant la chute du Temple de Jérusalem en 70, pendant la révolte juive (66-70) à laquelle Mc 13 ferait référence.
Les communautés chrétiennes de Rome furent marquées par une succession de crises et de drames : conflit au sein des synagogues et expulsions de la ville en 49 (ou 41), persécutions en 64 (et son lot de trahisons, d’apostasies…) et révoltes en Judée et à Jérusalem où vit encore la communauté chrétienne originelle envers laquelle nombre de chrétiens sont attachés (1Co 16,1s.) Si nous ne savons pas qui évangélisa Rome entre les années 30 ou 40, la ville accueillit Pierre puis Paul, dans les années 60. Ces derniers témoignèrent de Jésus Christ Fils de Dieu au prix de leur vie.
Dans l’iconographie traditionnelle, les évangélistes sont représentés par quatre figures conformes aux visions des prophètes Ézéchiel, Daniel et du livre de l’Apocalypse (cf. Éz 1,10s., Dn 7,4s., Ap 4,7). Matthieu est ainsi représenté par un ange ou un homme, Luc par un taureau et Jean par un aigle. L’Évangile selon saint Marc est, quant à lui, associé au lion en raison du désert qui ouvre son évangile.
Ap 4 7 Le premier Vivant est comme un lion ; le deuxième Vivant est comme un jeune taureau ; le troisième Vivant a comme un visage d’homme ; le quatrième Vivant est comme un aigle en plein vol.
Il existe diverses manières de structurer l’évangile. La géographie de Marc permet de suivre le ministère en Galilée (Mc 1,1-9,50), la montée à Jérusalem (10,1-52), la prédication à Jérusalem (11,1-13,37) et enfin la Passion (14,1-16,8).
Habituellement, on distingue deux grandes parties, que la profession de foi de Pierre (8,27-29) vient séparer, et six sections. Notre ouvrage ne suit pas ce découpage sans pour autant le remettre en cause, préférant une lecture linéaire en quinze sections tenant compte de la progression narrative et faisant droit, plus ou moins, aux passages liturgiques. Dès le premier verset, cette disposition se laissait deviner. Marc proclame l’évangile de Jésus (qui apparaît au chapitre 1), Christ (confessé ainsi la première fois par Pierre en Mc 8), et Fils de Dieu (Parole du centurion au chapitre 15).
1,1-13 Introduction : Au bord du Jourdain, Jean le baptiste
PARTIE I – Jésus proclame la nouveauté du Royaume – Qui donc est cet homme ?
1. 1,14-3,6 : Les débuts de la proclamation, le Règne de Dieu s’approche.
2. 3,7-6,6a : Miracles et enseignements annonçant le Royaume
3. 6,6b-8,30 : L’incompréhension grandissante face à Jésus
PARTIE II – Croire au messie crucifié.
4. 8,31-10,52 : En chemin vers Jérusalem, suivre Jésus vers la croix.
5. 11,1-13,37 : Confrontation et complot à Jérusalem
6. 14,1-15,47 : La Passion, le messie crucifié
16,1-8 Conclusion : Le Ressuscité
· 1,9-20 Finale longue. Cette finale est absente dans les manuscrits les plus anciens. Elle constitue un ajout tardif pour « arranger » une finale abrupte (16,8) qui devait laisser les lecteurs perplexes. Cependant, elle fait bien partie du canon des Écritures et de toutes nos Bibles.
Le nouveau Testament comporte quatre évangiles écrits entre 67 et 95 environ. Leur présentation des faits, gestes et paroles de Jésus est destinée à conforter la foi des communautés chrétiennes au Christ et Fils de Dieu, pour reprendre l’expression de Marc (1,1). Les évangélistes s’appuient donc sur le témoignage de foi des premiers disciples qu’ils ont collectés et interprétés en fonction de leur auditoire et de leur culture. Ils sont donc différents.
Cependant, trois d’entre eux révèlent des similitudes narratives et textuelles. Leurs récits et discours suivent le même schéma et les épisodes sont parfois racontés avec le même vocabulaire, la même grammaire. Ainsi, on peut mettre en parallèle les évangiles de Matthieu, Marc et Luc qui déploient le ministère de Jésus sur près d’une année. On les appelle les évangiles synoptiques (mot signifiant qu’on peut regarder ensemble, parallèlement). L’évangile selon Jean propose quant à lui des scènes et un vocabulaire spécifiques pour une histoire qui se déroule sur près de trois années.
L’interdépendance des évangiles synoptiques est reconnue depuis longtemps. Nombreux Pères de l’Église (dont saint Augustin) considéraient l’évangile de Matthieu comme celui qui, écrit le premier, a servi de sources à Marc, qui en aurait fait un résumé, et à Luc. D’autres (comme saint Jérôme) considéraient que les trois évangiles s’étaient servis d’un tout premier document écrit en hébreu et aujourd’hui perdu.
Au XIXes., une autre théorie fit son apparition. De nombreux passages, uniquement communs à Matthieu et Luc, furent considérés comme émanant d’un document antique rassemblant de nombreuses paroles et paraboles de Jésus. On appelle ce document la Source (ou Q, Quelle en allemand).
Selon cette hypothèse, aujourd’hui majoritairement reconnue, Marc aurait ainsi été le premier à écrire un évangile. L’absence en Marc de toute référence explicite à la chute de Jérusalem en 70 – contrairement à Matthieu et Luc – conforte cette hypothèse. Par la suite, dans les années 80, Matthieu et Luc se seraient appuyés sur l’évangile de Marc pour écrire le leur, en puisant également dans la Source Q des paroles de Jésus. Matthieu et Luc disposant aussi de leurs propres traditions.
Le mot évangile provient du grec (εὐαγγέλιον – euanguéliôn) signifiant heureux message, bonne nouvelle. Il traduit le verbe hébreu basar בָּשַׂר, utilisé pour l’annonce d’une victoire du roi (2S 18,19) ou de Dieu (Is 52,7).
2 S 18,19 Ahimaaç, fils de Sadoq, dit : « Permets-moi de courir porter la bonne nouvelle au roi : le Seigneur lui a rendu justice en le tirant des mains de ses ennemis. »
Is 52,7 Comme ils sont beaux, sur les montagnes, les pieds du porteur de la bonne nouvelle pour faire entendre la paix, porteur de la bonne nouvelle de bonté pour faire entendre le salut, en disant à Sion : « Ton Dieu règne ! »
La bonne nouvelle annoncée par Marc dans les premiers versets de son œuvre n’est autre que Jésus en tant que Christ et Fils de Dieu. Il est le sujet de l’Évangile, de la bonne nouvelle d’un règne et d’une victoire qu’il nous faudra comprendre jusque sur la Croix. Déjà, Paul, dans sa plus ancienne lettre (1Th, écrite vers l’an 51), utilisait ce terme à propos de l’avènement du Christ.
Avec la traduction du Chanoine Crampon (catholique) :
- Lire Mc dans la traduction française Crampon (catholique) : site Wikisource ou télécharger le dossier PDF (Texte, bibliographies, cartes).
- Écouter Mc (Crampon) grâce à mission-web (cath.) : télécharger depuis le site ou lecture directe ci-contre.
Autres traductions en ligne :
- Traduction Segond 1910 (Église Réformée) : (avec audio) avec Bible.com.
- Nouvelle traduction Secong (NBS) 2002 (sans audio) avec Bible.com.
- AELF (2014) : Traduction Officielle de la Liturgie catholique (sans audio)
- et aussi les traductions de la T.O.B., N.B.S, N.F.C.
Voir ou revoir l’émission de KTO “La Foi prise au mot” de novembre 2014, avec trois biblistes de renom : Régis Burnet, Gérard Billon et Camille Focant. (sur Youtube). 53 mn.
Très intéressante, mais en anglais (mais sous-titrée en français) cette animation :
Ci-dessous vous trouverez trois cartes, tirées de la Synopse des quatre évangiles, de Joseph-Marie Lagrange, o.p., (1926). Même si la disposition des certains lieux à Jérusalem et en Palestine romaine demeure encore hypothétique, l’œuvre des Dominicains de l’École Biblique et Archéologique Française demeure encore et toujours pertinente. Cependant, pour une meilleure lecture, quelques modifications ont y été apportées :
- Des noms de lieux ont été ajoutés ou remplacés pour clarification : Bethphagé manquait sur la carte de Judée, de même que la localisation (évidente) du Jourdain et de la mer de Galilée. Sous Magdala, a été inscrit le nom du lieu Dalmanoutha traditionnellement situé dans les environs proches de cette ville. Les termes Hieron et Naos, sur la carte de Jérusalem, ont été traduits par leur équivalent français : Temple et Sanctuaire…
- Aucun lieu n’a été déplacé, ni supprimé, respectant ainsi l’œuvre du père Lagrange.
- Les localités qui ne sont pas citées dans Mc ont été grisées. Par exemple : Emmaüs (qu’on ne trouve que dans Lc) ou Cana (uniquement en Jn). Les cartes ainsi modifiées veulent mettre en relief la géographie propre à Mc.
- Cliquez pour afficher les images puis cliquez-droit pour ‘enregistrer l’image sous…’ votre ordinateur.
Pour commencer :
- Régis Burnet, Le Nouveau Testament, P.U.F., Que-Sais-Je-? n° 1214, 2021
- Pierre Haudebert, L’évangile de Marc, Cerf, coll. Mon ABC de la Bible, 2017.
- Caroline Runacher, Saint Marc, éditons de l’atelier, coll. La Bible tout simplement, 2001
Lectures spirituelles :
- Ghislain Lafont, Qui est Jésus ? une lecture spirituelle selon saint Marc, Parole et Silence, 2001.
- Carlo-Maria Martini, Méditations sur l’évangile de Marc, Ed. Saint Augustin, 2000.
Exégèse et Pastorale :
- Philippe Bacq, Odile Ribadeau Dumas, P. Michel Trimaille (MEP), Un goût d’Évangile. Marc, un récit en pastorale, Lumen Vitae, 2006. (une lecture pastorale)
- Jean Delorme, Lecture de l’Évangile selon saint Marc, Cahiers Évangile 1/2, 1972 (mais toujours d’actualité pour une exégèse accessible.)
Commentaires développés :
- André Couture et François Vouga, La présence du Royaume : une nouvelle lecture de l’évangile de Marc, Labor et Fides – Mediaspaul, 2005
- Camille Focant, L’Évangile selon Marc, Cerf, Commentaire Biblique – Nouveau Testament, n°.2, 2004
- Étienne Trocmé, L’Évangile selon saint Marc, Labor et Fides, Commentaire Nouveau Testament – deuxième série, 2000
- Simon Légasse, L’évangile de Marc, Cerf, Lectio Divina, 1997
En B.D.
- Évangile de Marc, racontée par Georges Carpentier, dessinée par Michel Crespin, Deux Coqs d’Or, 1995.